Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 72.djvu/744

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

organisent des soulèvemens contre le pape. » Quand la cour de Rome, se sentant à la fois trop protégée et pas assez suivant elle, voulait réclamer le secours des autres puissances catholiques, c’était bien la France qui s’y opposait sous prétexte qu’elle suffisait à la tâche, et je me borne à rappeler ces paroles du cardinal Antonelli allant droit à la politique française : « Relativement au but suprême (le rétablissement du patrimoine de l’église), le passé offre plusieurs souvenirs qui peuvent aplanir la voie. Le présent se compose de refus de secours efficaces. On oppose des difficultés à quiconque veut entreprendre l’œuvre. On impose des délais préjudiciables, on donne le conseil de se soumettre à des gens qu’on sait d’avance décidés à ne pas se soumettre : on propose des réformes que le saint-père a dû peser devant Dieu. On suggère l’avis d’abdiquer en partie à celui qui ne le peut en aucune manière. » Lorsqu’enfin l’Autriche et l’Espagne proposaient avec instance au gouvernement français de s’unir à lui « en vue d’assurer d’une manière définitive le maintien du pouvoir temporel, » c’était notre ministre des affaires étrangères qui répondait : « Je ne croirais pas utile de discuter ici, avec le développement nécessaire, le système d’après lequel les états du pape et la ville de Rome constitueraient, pour ainsi dire, une propriété de mainmorte affectée à la catholicité tout entière et placée, en vertu d’un droit qui n’est écrit nulle part, au-dessus des lois qui régissent les autres souverainetés. Je me borne simplement à rappeler que les traditions historiques les plus anciennes comme les plus récentes ne paraissent pas sanctionner cette doctrine….. » Et cette convention de septembre elle-même, à laquelle on se rattache comme à une dernière espérance, où l’on cherche une suprême garantie, on ne la jugeait pas ainsi au moment où elle était signée ; M. l’évêque d’Orléans, toujours le premier au combat, n’y trouvait pas la sauvegarde du pouvoir temporel ; il n’y voyait que le dernier mot d’une série d’événemens à travers lesquels on pouvait lire l’abandon de la papauté, et il s’écriait avec amertume : « J’ai vu la grande inspiration de la France s’affaiblir et s’épuiser. J’ai vu la garantie solennelle du droit devenir une protection provisoire, la protection du droit devenir une garde de la personne, la garde une simple escorte, l’escorte une faction aux portes de la maison et du jardin ; puis il m’a semblé que l’arme devenait pesante au bras qui la portait. J’ai suivi les jours, marqué les degrés, compté les heures. »

Ce que je veux montrer par cette tradition de faits et de commentaires, c’est qu’une seconde intervention dans la pensée de sauver le pouvoir temporel répondrait sans doute au vœu de ceux qui croient à la nécessité d’un pontificat politique, mais serait bien peu dans la donnée de tout ce qu’a fait et écrit la France depuis vingt