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ses fautes, par ses entraînemens, par le décousu de sa politique, par le vice d’une situation intérieure autant que par sa passion pour Rome.

La vérité est qu’elle n’a pas fait pour le moment une brillante rentrée dans le monde, cette terrible question romaine, qu’elle a été bien étrangement engagée et qu’elle a été conduite plus étrangement encore. A considérer la crise actuelle dans son origine immédiate, elle a sa source dans la convention du 15 septembre 1864, dans cette malheureuse convention qui vient de mourir d’impuissance, et qu’on aura bien de la peine à faire revivre. C’est là le point de départ, puisque c’est l’acte qui réglait les rapports de la France et de l’Italie vis-à-vis de Rome, puisque c’est l’exécution de cet acte qui a failli mettre les armes dans les mains des deux nations qui l’avaient signé. Je ne dis pas que ce fût une solution ni même un commencement de solution. Telle qu’elle était, la convention du 15 septembre avait ses inconvéniens et ses avantages. L’inconvénient ou, si l’on veut, l’obligation grave pour l’Italie, c’est qu’elle s’engageait à respecter, à faire respecter le territoire qui restait au saint-siège, à soulager le gouvernement pontifical d’une partie de sa dette, à transporter sa capitale à Florence ; l’avantage, c’était la fin de l’occupation étrangère à Rome, l’application définitive du principe de non-intervention, l’exclusion des autres puissances catholiques de toute délibération relative aux affaires romaines. De part et d’autre, on semblait s’entendre pour laisser le saint-siège en face de lui-même, en face de sa situation et de ses embarras. Que même dans ces termes la convention du 15 septembre pût permettre toutes les interprétations, c’était trop évident ; elle ressemblait à un expédient, à une halte dans la confusion, à une trêve pleine de ces sous-entendus qui ont été malheureusement le péril des relations de la France et de l’Italie. On se retirait et on ne se retirait pas, on s’engageait et on ne s’engageait pas. Ce qui est certain, c’est qu’en transportant le siège de son gouvernement à Florence ! l’Italie n’abrogeait nullement l’acte du parlement qui avait proclamé Rome capitale, c’est qu’en s’engageant à respecter le territoire du pape elle ne s’interdisait pas ce qu’on appelait les moyens moraux, l’influence des forces morales, c’est qu’en traitant du présent elle réservait l’avenir. C’était l’interprétation soutenue dès le premier moment à Turin, contestée d’abord à Paris et définitivement admise jusqu’à un certain point, confirmée par une dépêche télégraphique expédiée au gouvernement italien après des explications contradictoires, échangées entre le ministre des affaires étrangères de France et le ministre d’Italie devant l’empereur Napoléon lui-même. « Si dans la chambre, disait M. Nigra, le