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partie des pièces devant être placée sur des ponts assez élevés, il ne sera pas possible d’en augmenter le nombre sans accroître démesurément la fatigue qui en résulterait pour le navire. Toute réduction dans le nombre des bouches à feu permettra une économie de poids correspondante dans la cuirasse, dans le personnel du bord et dans l’approvisionnement.

Quoi que l’on fasse, les navires de guerre ne pourront jamais, comme les paquebots, embarquer une quantité de charbon suffisante pour entreprendre de longues traversées à la vapeur avec une grande vitesse ; ils auront même toujours intérêt à ne porter qu’une quantité de combustible relativement restreinte, pour pouvoir, grâce à l’économie de poids qui en résultera, faire face à bien des exigences, pour posséder, par exemple, une machine plus puissante, capable de leur donner, le cas échéant, une plus grande vitesse, notamment le jour du combat. Ces nouveaux béliers à vapeur devront donc porter un appareil à voiles suffisant pour leur permettre de profiter des vents favorables et de bien remplir en temps de guerre leur rôle de croiseurs en tous lieux et presque par tous les temps. Une vitesse supérieure à la voile comme celle de nos vieux bâtimens ne leur est pas nécessaire ; il suffit que les évolutions sans vapeur puissent se faire avec quelque certitude par les temps ordinaires et malgré la houle habituelle de l’océan. Cet apparenta voiles devra être disposé de manière à ne pas trop entraver le tir des pièces du fort central, et à pouvoir disparaître le plus promptement possible au moment du combat. Suivant plusieurs officiers, des bas mâts en tôle, recevant leurs mâts de hune dans l’intérieur quand on les cale, et soutenus par des arcs-boutans également en tôle, paraissent être la solution bizarre qui puisse seule satisfaire à ces deux conditions. Cependant on pourrait peut-être arriver au même résultat sans s’écarter autant des traditions du passé ; toute la mâture haute devant en effet disparaître au moment du combat, chaque fois que d’impérieuses nécessités ne viendront pas y mettre obstacle, les bas mâts, qui resteront seuls debout, n’auront plus besoin que d’une tenue relativement minime : un seul bas hauban pourrait rester en place ; il serait plus fort que les autres et sa présence serait moins gênante pour l’artillerie que celle des arcs-boutans en tôle dont on a tant parlé.

Sur ces futurs vaisseaux, dont la principale force résidera dans la manière dont ils seront manœuvres, le poste de combat du capitaine devrait être dans une hune afin que la fumée de ses canons ou de ceux de l’ennemi ne puisse jamais lui cacher l’horizon et le mettre dans une position critique. Au combat de Mobile comme à tous