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LES TRANSFORMATIONS
DE LA
MARINE DE GUERRE

En même temps que la vapeur et l’électricité ont bouleversé les traditions des sociétés anciennes et les conditions mêmes de l’existence privée des citoyens, une révolution considérable s’est opérée dans l’art de la guerre. Certes cette révolution est loin d’avoir l’importance de celle produite dans l’ordre social par la vapeur et l’électricité, car la paix doit toujours être l’état normal d’un peuple et la guerre l’état d’exception ; mais l’invention des nouveaux engins n’en est pas moins une des plus étonnantes, sinon des plus belles du siècle, et les progrès réalisés de ce côté seront aussi pour nous un titre de gloire. C’est surtout dans l’art naval et au point de vue des combats maritimes que le changement, l’innovation, ont été considérables ; encore quelques années, et nos vaisseaux ne ressembleront guère plus à ceux du premier empire que ceux-ci ne ressemblaient aux galères des anciens. Quelques connaissances que nos lecteurs aient déjà sur cette question, il n’est pas inutile, avant d’insister sur le présent et de chercher à prévoir l’avenir, de remonter rapidement avec eux dans le passé pour saisir d’une vue générale les transformations successives des flottes.


I

A la fin du siècle dernier, le baron Sané, qu’on a surnommé à juste titre le Vauban de la marine, avait donné le dernier mot de l’art de construire les vaisseaux. Travailleur infatigable, il avait