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LES
ETATS DE BRETAGNE

IV.
LA BRETAGNE PENDANT LA JEUNESSE DE LOUIS XIV[1]..

Lorsque Richelieu précéda dans la tombe le monarque sous le nom duquel il avait régné, ce ministre eut la rare fortune de se survivre dans son successeur. Par une soudaine intuition de ses grands devoirs envers son fils, Anne d’Autriche remit la conduite des affaires au cardinal étranger dont l’autorité royale avait fait l’élévation, et qui ne pouvait rien attendre que de son triomphe. La France continua donc de se mouvoir par l’impulsion que lui avait communiquée Richelieu. Les armées formées par ses soins poursuivirent leur course triomphale sous les ordres du jeune prince qui allait s’appeler le grand Condé, et les diplomates qui avaient rédigé sous la dictée du ministre de Louis XIII les préliminaires de Hambourg signaient après sa mort les traités de Westphalie, dont la pensée première lui appartient. Au dedans comme au dehors, les plans de Richelieu furent respectés ; mais sa main ne tarda pas à manquer à son œuvre. Quoique Mazarin voulût tout ce qu’avait voulu son prédécesseur, il était hors d’état de développer ses conceptions économiques et financières. Ce diplomate incomparable était en effet un très pauvre administrateur, et ses plus heureuses combinaisons risquaient toujours de se trouver compromises par l’insuffisance des moyens qu’il préparait pour les accomplir. De toutes les provinces du royaume, la Bretagne fut celle qui

  1. Voyez la Revue du 15 septembre, du 1er octobre, et du 15 novembre.