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Heureuse parmi les heureux,
Et de sa puissance enivrée ;

Ce Versailles assyrien,
Ce palais d’un conte de fées,
On met à l’encan ses trophées,
Et toutes ses splendeurs à rien !


VIII


On vide comme une masure
Tous ses appartemens royaux,
On vend les meubles, les joyaux
Du sanctuaire, ô flétrissure !

L’histoire avec ses vanités,
Ses larmes et son épouvante,
L’histoire est là toute vivante,
Vous la voyez, vous la sentez !

A l’éblouissement des lustres,
Dans le bal et ses tourbillons,
Ont étincelé ces paillons
Parmi les cordons bleus illustres ;

Ces jupes et ces falbalas,
Ces fins tissus, ce linge rare
Que la revendeuse accapare,
Ont émerveillé les galas ;

Ce haillon suant la misère
A déguisé la royauté,
Cet éventail déchiqueté
Fut un présent d’anniversaire !

A l’ouverture des états,
Madame avait ce pour qui traîne ;
Dans les cheveux d’or de la reine
A mordu ce peigne en éclats !

Souvenirs d’horreur et d’opprobre,
C’est dans les bras du roi déchu
Que, sur le lin de ce fichu,
Ont coulé les larmes d’octobre !