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faire la guerre à personne, ni se déclarer l’ennemi de qui que ce soit sans manquer à ses devoirs et compromettre son caractère sacré. — Mais je ne prétends pas du tout qu’il fasse la guerre à personne ; je veux qu’il ferme ses ports aux Anglais et qu’il ne les reçoive pas dans ses états, et que, ne pouvant défendre ni ses ports ni ses forteresses, il me les donne à défendre. Soyez assuré qu’à Rome ils ont perdu la tête. Il n’y a plus là-bas les grands hommes de Léon X. Ganganelli ne se serait pas conduit comme cela. Comment peuvent-ils se figurer que je consente à laisser entre mon royaume d’Italie et celui de Naples des ports et des forteresses qui, en temps de guerre, peuvent être occupés par les Anglais, et compromettre la sécurité de mes états et de mes peuples ? Je veux être en sûreté dans ma maison ; l’Italie tout entière m’appartient par droit de conquête. Le pape m’a couronné non pas roi, mais empereur de France, et je succède non pas au droit des rois, mais à ceux de Charlemagne. Si je laisse des souverains en Italie, ce n’est pas pour qu’ils favorisent mes ennemis et me donnent des sujets d’inquiétude. Je veux que vous représentiez tout cela au pape sous son véritable point de vue, et que vous lui fassiez connaître ses véritables intérêts. J’avais les meilleures intentions à l’égard du pape, je les aurais mises à exécution et je le ferais encore ; mais le pape préfère être misérable, il s’entête mal à propos. Si vous avez la bonne fortune de le persuader, vous lui rendrez un grand service. Je vous avertis toutefois que tout doit être fini pour le 1er janvier. Ou bien le pape consentira, alors il ne perdra rien ; ou bien il refusera, et alors je lui ôterai ses états. Les excommunications ne sont plus de mode, et mes soldats ne refuseront pas de marcher là où je les enverrai. Rappelez-vous Charles-Quint, qui tenait le pape prisonnier et faisait réciter des prières pour lui à Madrid. Je ferai même chose, si on me met au pied du mur. Que le pape n’oublie pas que j’ai relevé les autels en France, que j’ai rétabli la religion, que je la protège en Allemagne et que je la protégerai ailleurs encore. La catholicité presque entière est sous mon sceptre. La main de Dieu conduit mes armées, et il semble que cela déplaise au pape, et c’est lui qui veut me contrarier en tout… En Italie, en France, j’ai beaucoup fait pour les évêques, pour les curés. Tout le monde est content, mais Rome veut se fâcher. Ce n’est pas le pape, ce sont quelques cardinaux, Antonelli et cet autre qu’il a conduit avec lui à Paris. — Comment l’appelez-vous ? (Mgr Arezzo nomma à l’empereur plusieurs des cardinaux qui avaient accompagné le pape à Paris, et s’arrêta au cardinal di Pietro.) — Oui, di Pietro ; c’est un théologien entêté, qui n’a aucune vue politique. Le pape se plaint d’être dans la misère et de n’avoir pas de quoi marcher. C’est sa faute. J’ai payé entièrement (au-delà de ce que je devais) les dépenses du premier passage de mes troupes, j’aurais payé les dépenses du second, du troisième et toutes les autres ; mais on a voulu se brouiller : Eh bien ! qu’on