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maintien de la foi religieuse dans notre pays ! Attaquer et anéantir ces injustes et cruelles usurpations, c’était, suivant ces esprits aveugles et ces âmes étroites, travailler à la destruction du catholicisme et du christianisme. La révolution française a eu le mérite et la gloire de mettre fin à tout cela, et les droits de la conscience religieuse ont survécu malgré les expédiens empiriques par lesquels des esprits rétrogrades se sont efforcés de ralentir et de restreindre l’œuvre révolutionnaire. Vouloir perpétuer par la force à Rome ce que nous avons détruit chez nous, ce serait abandonner les plus logiques et les plus vivaces traditions françaises. Il a toujours malheureusement existé et il existe encore parmi nous des intérêts et des systèmes d’ancien régime qui cherchent à s’acheminer par des succès au dehors aux revanches qu’ils espèrent obtenir au dedans contre la révolution. Il serait dangereux de donner à ces sectaires, par des caprices de politique accidentelle, des triomphes sérieux au dehors. En s’obstinant à conserver par la force l’existence du principat ecclésiastique, on s’exposerait à diviser la France en deux camps qui représenteraient avec une violence croissante l’antagonisme de l’ancien régime et de la révolution. Nous espérons que nous plaidons ici une cause gagnée, puisque après la circulaire de M. Ménabréa, qu’il devait connaître, le gouvernement français n’a point hésité à exprimer dans le Moniteur l’approbation de la conduite du cabinet italien. L’Italie ne retomber, point par la faute de la France sous l’alternative cruelle à laquelle la condamnait le cri déchirant de Filicaja, répété par Byron avec une sublime énergie : « victorieuse ou vaincue, toujours l’esclave de ton ami ou de ton ennemi ; »

Victor or vanquish’d, thou the slave of friend or foe !

Cette espérance nous détourne de regarder de trop près aux faits militaires dont Mentana et Monte-Rotundo ont été le théâtre. Qu’y verrions-nous ? La triste nécessité du concours des troupes françaises pour battre les bandes déguenillées de Garibaldi, un hideux carnage commis pour la prétendue défense de la personne vénérée qui représente le Christ. Cependant le Christ a interdit à Pierre de le défendre par l’épée contre ceux qui l’arrêtaient pour le mener au supplice, et Pierre, malgré sa vaillance, ne se fit pas faute de renier trois fois son Seigneur la nuit suivante. Qu’y verrions-nous encore ? La première expérience des fusils Chassepot annoncée par le Moniteur sous une forme étrange. Que le général de Failly, remplissant les devoirs de son métier, se soit cru tenu d’instruire son gouvernement de l’efficacité d’un engin de guerre qui doit être utile à la défense nationale, rien de plus naturel. Le brave général ne s’est pas avisé sans doute qu’il écrivait aussi pour le public. On apporte peu de bon goût ou une grande négligence à la rédaction du Moniteur.

Sur ces entrefaites, la session va commencer pour nous, et quelques