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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 novembre 1867.

Les événemens qui viennent de s’accomplir en Italie sont de ceux qui émeuvent les âmes. Les brutalités des conflits de la force ont le pouvoir de déconcerter et de détourner pendant un certain temps de ses voies la lutte franche et saine des idées. Le moment n’est donc point encore propice à ceux qui voudraient porter des lumières justes et loyales dans la situation où se trouvent les unes vis-à-vis des autres les prétentions contraires de l’indépendance italienne et de la puissance temporelle du pontificat romain. Le présent appartient à la violente intervention de la force matérielle, aux combinaisons tâtonnantes de la politique empirique ; l’avenir est aux principes et aux lois naturelles, dont l’art des diplomates sera bientôt obligé de ressentir et de reconnaître l’empire.

Les causes, l’enchaînement des faits qui viennent de produire l’agitation morale à laquelle nous sommes en proie, ne sont même point assez connus pour qu’on soit en mesure de les apprécier encore avec discernement et avec équité. L’opinion publique, pour dresser son enquête, a besoin de documens officiels qui lui manquent. Le gouvernement italien devrait publier l’exposé et les pièces des négociations que depuis deux ans il a essayé d’ouvrir avec Rome. Le gouvernement français devrait aussi faire connaître la série des avertissemens qu’il a sans doute adressés à la cour de Florence dès le moment où ont commencé les préparatifs et les manifestations du mouvement garibaldien. L’incident si extraordinaire de la démission de M. Rattazzi et de la liberté d’action rendue en même temps à Garibaldi doit aussi être expliqué par l’ancien premier ministre de Florence dans les débats parlementaires auxquels les affaires romaines vont donner lieu en Italie. Il faut être informé des griefs vraiment politiques que le gouvernement italien peut articuler contre les actes de la cour de Rome. Il y a là tout un ensemble d’informations préalables nécessaires pour fixer la part de responsabilité des cabinets divers dans les erreurs qui ont provoqué une lutte courte, mais sanglante et douloureuse, entre des Italiens et des Français. Quant à l’incident déplorable du combat de Mentana, nous voudrions qu’il pût être