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LES
ETATS DE BRETAGNE

III.
LES ETATS SOUS HENRI IV ET SOUS LOUIS XIII.

Les guerres civiles eurent en Bretagne un effet qui ne leur est point habituel, car elles y profitèrent à la liberté. Les passions du pays, venant se refléter au sein des états, rendirent durant la ligue à ces assemblées, dont le rôle avait été assez terne depuis l’édit de réunion, toute l’importance qu’avaient eue sous les ducs les grandes assises du peuple breton.

La constitution des nations chrétiennes jetées dans le monde féodal s’était développée suivant des lois à peu près générales. La péninsule armoricaine avait accompli le même travail que la monarchie française, sans qu’il y ait à signaler dans ce mouvement simultané la moindre trace d’imitation ou d’influence. Dans les deux pays, les conseillers naturels du prince avaient été ses grands vassaux. À ces pairs laïques étaient venus se joindre les pairs ecclésiastiques, que leur caractère religieux et leur puissance territoriale revêtaient d’une double autorité. Dans le duché de Bretagne comme dans le royaume de France, il avait été admis en principe, sans prescription écrite d’ailleurs, que toute décision majeure pour la guerre comme pour la paix exigeait l’adhésion des conseillers nés de la couronne. Le même motif explique l’intervention des évêques, seigneurs de leur cité épiscopale, des délégués