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l’emploi de moyens plus énergiques. Dans une lettre du 12 mai 1859, il disait : « Les relations de la Prusse avec la diète sont une maladie qu’il faut guérir en temps opportun, sinon tôt ou tard il y faudra appliquer le fer et le feu. » Au commencement de 1859, à la veille de la guerre d’Italie, il voulait que la Prusse, au lieu de menacer la France, se tournât au contraire contre l’Autriche et profitât de cette situation pour réorganiser l’Allemagne. Il exprima même si vertement son opinion à ce sujet, que le prince-régent le rappela de la diète, toute dévouée à l’Autriche, et l’envoya à Saint-Pétersbourg. Il y resta jusqu’au printemps de 1862. À cette époque, l’empereur des Français fit savoir, paraît-il, qu’il verrait avec plaisir M. de Bismarck représenter la Prusse à Paris. Après six mois de séjour dans cette capitale, il fut rappelé à Berlin en, septembre pour diriger le ministère dans sa lutte mémorable contre la chambre des députés. C’est alors qu’il inaugura cette politique téméraire qui, sous les apparences d’un conservatisme outré, ne visait à rien moins qu’à réaliser par la violence le programme révolutionnaire de 1848.

Quel était le but de la politique de M. de Bismarck ? C’était évidemment de reprendre les projets de M. de Radowitz et de conduire la Prusse à l’accomplissement de ce qu’elle considérait comme sa mission historique. Pour cela, il fallait d’abord lui donner, au moyen de quelques annexions, une meilleure configuration et ensuite la placer à la tête de l’Allemagne réorganisée. Quant au premier point, Louis Börne avait dit, il y a longtemps déjà : « La Prusse, avec-ses frontières mal faites et trop longues, ressemble à un jeune homme qui porte un vêtement trop large ; mais attendez, il le remplira en grandissant. » M. de Bismarck avait signalé ce vice de construction à la chambre dès les premiers jours de son ministère, et ce défaut devait être bien désagréable pour les Prussiens, puisqu’il a choqué même le goût du gouvernement français, ainsi qu’il a pris soin de le faire savoir. Quant à la réorganisation de l’Allemagne, il suffisait de mettre en branle la passion unitaire.

Mais, pour arriver à l’unité, deux systèmes étaient en présence, celui « des conquêtes morales » et celui des conquêtes militaires. Les uns disaient : Que la Prusse donne l’exemple de toutes les libertés, et aussitôt les autres états se grouperont autour d’elle ; leur devise était : Durch Freiheit zur Einheit, l’unité par la liberté. Les autres prétendaient qu’il fallait d’abord vaincre la résistance des souverains hostiles à toute réforme, celle de l’Autriche surtout ; ce n’est que par l’unité qu’on arrivera à la liberté, disaient-ils, durch Einheit zur Freiheit. Quant à M. de Bismarck, il ne faisait aucun mystère de ses projets ; il les proclamait avec une forfanterie si