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concerter. La mission du général La Marmora à Paris préparera sans doute l’accord de la France et de l’Italie dans leurs démarches communes. Pourquoi l’Italie ne prendrait-elle pas position, elle aussi, dans l’état romain pour exercer son droit comme signataire de la convention du 15 septembre ? Mais peut-être avant de conjecturer les actes réguliers des politiques italienne et française faut-il attendre les résultats de l’échauffourée garibaldienne. Aucune nouvelle n’est venue du chef des volontaires depuis son combat de Monte-Rotundo. Nous écrivons dans l’ignorance trop prolongée de ce qui se passe à Rome et autour de Rome. Le moment est critique au plus haut degré. Nos premières troupes ayant débarqué à Civita-Vecchia, un mouvement trop avancé de Garibaldi pourrait mettre en collision nos soldats et les volontaires italiens. Un pareil choc serait un malheur et une complication aggravante. Il serait déplorable que le gouvernement de Victor-Emmanuel n’eût point conservé assez d’influence sur le général Garibaldi pour pouvoir prévenir cette lutte fratricide.

C’est sous l’impression des nouveaux événemens qui vont s’accomplir en Italie que la session législative s’ouvrira chez nous le 18 novembre. Les sentimens de la majorité de la chambre ne sont guère favorables, il faut l’avouer, à l’intérêt italien et surtout aux aspirations vers Rome. Il est incontestable que, si le gouvernement le veut, il est en son pouvoir de se procurer auprès de la majorité un accueil enthousiaste par des protestations en faveur du pouvoir temporel. Nous croyons que l’intérêt du gouvernement en ces matières sera plutôt de modérer l’expression des sentimens de ses partisans. Dans ces affaires qui touchent aux passions religieuses, les émotions ne peuvent éclater dans un camp sans retentir dans le camp contraire, et l’exaltation des passions produit de mauvaises situations politiques.

Par un de ces retours que la mobilité politique de notre époque rend fréquens, tandis que nous sommes en délicatesse avec l’Italie, nous sommes en coquetterie avec cette pauvre Autriche, que nous avons tant contribuée mettre à mal. L’empereur François-Joseph a fait à la France une généreuse visite, et Paris l’a reçu, on peut le dire, avec une courtoisie distinguée. La politique française a fait tant de mal à ce souverain, et l’opinion publique française a été pour si peu de chose dans les coups qui ont été portés à l’Autriche, qu’une sympathie honnête s’est éveillée dans toutes les classes en faveur de l’empereur François-Joseph. Il faut dire aussi que l’empereur d’Autriche, roi de Hongrie, avait été précédé à Paris par un document, récemment émané de lui, qui était de nature à plaire au public libéral de France. C’est sa réponse aux évêques réclamant au nom de leurs privilèges du concordat contre les lois libérales des chambres autrichiennes. François-Joseph avait accueilli les prélats en parfait monarque constitutionnel, et les avait renvoyés poliment à ses mi-