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drait dans le sens des principes de la révolution française. Le catholicisme serait obligé de chercher ailleurs que dans une souveraineté précaire, tourmentée, humiliée autant par les patronages qu’elle subit que par les attaques auxquelles elle résiste, les garanties de sa liberté et de son indépendance. Ces garanties, il ne pourrait les trouver que dans la forte et franche constitution des libertés publiques et du droit commun. Il cesserait de troubler et d’offusquer le monde par le fantôme des prétentions théocratiques. Il deviendrait dans la mesure de sa ferveur, de son zèle, de la puissance de sa propagande, un agent du développement de la liberté religieuse et politique. Le monde moderne échapperait enfin au cauchemar des guerres de religion, guerres odieuses, même lorsqu’elles ne se font qu’à la plume.

La logique des principes de la révolution française et la tendance visible de l’histoire moderne promettent donc à l’Italie qu’elle finira par gagner un jour son procès contre la papauté. Elle en fait l’épreuve en ce moment, ce jour ne peut être éloigné que par ses maladroites impatiences. Que les hommes politiques d’Italie supportent donc avec résignation la satisfaction qu’ils ont obligé la France de prendre elle-même contre les transgresseurs tumultueux de la convention du 15 septembre. S’il nous était permis de porter ailleurs nos avis, nous conseillerions à notre gouvernement de se défier dans sa politique envers l’Italie des emportemens de la furia francese. Si le gouvernement laissait dévier la question romaine de telle sorte que la question d’Italie en pût naître, il détruirait gratuitement l’œuvre de politique étrangère la plus considérable qu’il ait menée à fin. Qu’il soit indulgent pour ces hommes politiques italiens, plus effarés peut-être que chercheurs de finesses. La démission de M. Rattazzi accompagnée de l’évasion de Garibaldi a produit dans la direction des affaires une de ces confusions dont il serait injuste de faire porter la peine à ceux qui en ont les premiers souffert la douloureuse influence. L’Italie s’est trouvée pendant quelques jours sans gouvernement. Il est heureux qu’un homme de sens comme le général Ménabrea ait accepté le ministère et composé un cabinet. Dès que le général, secondé far M. Gualterio, s’est chargé du gouvernement, les affaires italiennes ont repris un aspect plus convenable la proclamation du roi a établi une démarcation nécessaire entre la politique de son gouvernement à l’égard de Rome et l’esprit sectaire des manifestes de Garibaldi. Il a été parlé de l’alliance française avec de justes égards. Il faut espérer que le général Ménabrea obtiendra du cabinet des Tuileries des procédés analogues. En apprenant le débarquement de nos soldats à Civita-Vecchia, le cabinet de Florence a fait occuper par ses troupes quelques positions sur le territoire pontifical. Si notre gouvernement porte encore un intérêt sérieux à l’Italie, il ne manquera point de laisser une place honorable au gouvernement italien dans les mesures qui vont se