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cal. Or, tandis que le gouvernement italien prenait cet engagement, il était connu du monde entier que Rome avait été déclarée capitale de l’Italie par un vote éclatant du parlement. La convention du 15 septembre ne fut accompagnée d’aucune rétractation de ce vote parlementaire. Il se fit à cette époque une sorte de compromis dans le sentiment public italien, et ce compromis sembla confirmé par les commentaires de la presse et des hommes politiques. Par égard pour la convention du 15 septembre, on s’abstiendrait d’abuser de la force matérielle contre le pouvoir pontifical ; on attendrait la réintégration de Rome à la tête de l’Italie des effets du temps et de ce qu’on appelait les moyens moraux. Peut-être une entente directe pourrait-elle à la longue s’accomplir entre le royaume d’Italie et la cour de Rome ; si cette illusion échouait, peut-être le pouvoir temporel finirait de sa belle mort par la sécession spontanée des populations romaines. La restriction posée par la convention du 15 septembre aux droits de l’Italie lui défendait de prendre ou de laisser prendre sur son territoire l’offensive matérielle contre le pouvoir temporel ; mais elle ne lui interdisait point de recevoir l’accession des populations romaines, si Rome secouait elle-même la domination ecclésiastique. Qu’on ne l’oublie donc point, la convention du 15 septembre n’a été ni un engagement pris par la France de maintenir à perpétuité le pouvoir des papes, ni le transport de cette obligation à l’Italie. Les hommes d’état et le peuple italiens ont toujours proclamé la perspective de Rome capitale. Quant à la France, sans protester contre le rêve italien, elle se contentait de la clause qui mettait l’état romain à l’abri des attaques extérieures, et trouvait l’avantage de se soustraire, sous cette sauvegarde, aux tracasseries d’une plus longue intervention.

On ne peut se dissimuler combien une pareille situation était fragile. Il ne s’agissait pas seulement de mettre l’état de l’église à l’abri d’une invasion extérieure ; il fallait lui fournir des ressources pour se défendre au besoin contre une insurrection intérieure. Il ne suffisait point que l’Italie respectât et fît respecter la frontière romaine ; il fallait tâcher de mettre un terme à l’attitude hostile qu’avaient gardée jusqu’alors vis-à-vis l’une de l’autre la cour de Florence et la cour de Rome ; il fallait essayer de rendre les rapports entre ces deux cours assez bons pour que le voisinage fût tolérable. Des efforts furent tentés pour satisfaire à ces deux sortes de nécessités. La France pourvut à la sécurité intérieure de la cour de Rome par des moyens indirects. Elle fournit au pape, sous forme de volontaires enrôlés librement dans les rangs du parti religieux, le corps des zouaves pontificaux : les zouaves furent le contingent du parti clérical en France. En dehors de ce mouvement spontané, le gouvernement français prit l’initiative d’une combinaison plus importante. Il favorisa la création pour le service militaire du saint-père du corps qu’on a appelé la légion d’Antibes. Le mode de recrutement de cette lé-