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que l’homme foule aux pieds s’anime et s’agite ; les montagnes s’élèvent ou s’affaissent ; les continens, se déplaçant avec leurs sommets et leurs vallées, se mettent à cheminer sur la rondeur du globe. Tout cela s’accomplit cependant sans crises violentes. « Contenant sa force, la nature opère les changemens les plus grandioses à l’insu des êtres qu’elle nourrit. Elle soulève les montagnes et dessèche les mers sans déranger le vol des moucherons : telle révolution qui nous semble avoir été produite comme par un coup de foudre a mis peut-être des milliers de siècles à s’accomplir. »

La Terre est accompagnée de 24 belles cartes tirées en couleur et d’un très grand nombre de figures représentant des coupes, des plans, et de petites cartes topographiques qui sont intercalées dans le texte. L’auteur a tenu avec raison à représenter par des tableaux graphiques qui parlant aux yeux la plupart des rapports d’étendue, de hauteur ou de profondeur que l’on se contente ordinairement d’exprimer par des chiffres. L’élément pittoresque a été mis de côté ; sauf quelques profils de montagnes légèrement esquissés, la Terre ne renferme pas d’images. Ce n’en est pas moins un livre fort agréable à lire. Écrit d’un style à la fois ferme et coloré, très travaillé dans toutes ses parties, il attache et entraîne, comme toutes les œuvres sincères et consciencieuses où le fond n’est pas sacrifié à la forme, si belle qu’elle soit.

C’est dans un tout autre esprit que M. Pouchet, directeur du muséum d’histoire naturelle de Rouen et correspondant de l’Académie des Sciences, a conçu le volume illustré qu’il vient de publier sous ce titre : l’Univers. C’est un livre tout élémentaire, fort amusant et fort décousu, une collection de curiosités. « C’est en présence de la mer, nous dit l’auteur, et sur la plage du Tréport que j’ai écrit ce livre, comme un repos d’esprit, pendant une vacance, et, malgré sa forme élémentaire, j’ai cru devoir placer mon nom en tête… » Il aurait été bien difficile à M. Pouchet de jouir des bénéfices de l’incognito, car on devine que la grosse affaire des générations spontanées ne tient pas une mince place dans l’ouvrage. Ces n’est pas d’ailleurs un reproche que nous lui adressons ; il est au contraire fort heureux que M. Pouchet ait donné un certain développement à la partie où il se trouve sur son véritable terrain. Il a voulu, et il nous le dit d’ailleurs lui-même, glaner partout, écrémer l’univers ; il en résulte qu’à force de chercher des merveilles et des contrastes il tombe quelquefois dans la banalité.

Une partie vraiment intéressante du livre de M. Pouchet est celle qui traite de l’architecture des oiseaux. M. Pouchet a fait dessiner d’après nature un grand nombre de nids d’une construction fort curieuse qui sont conservés au musée de Rouen. Le plus étonnant de tous est celui de la fauvette couturière (sylvia sutoria, Latham), représenté d’après un exemplaire que possède le muséum de Londres. Ce nid est fort rare ;