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opposent au passage de la chaleur la même résistance qu’elle éprouve en traversant les couches supérieures. Il est au contraire probable que les roches inférieures conduisent la chaleur beaucoup mieux que les terrains superficiels, et dès lors l’accroissement de la température doit se ralentir énormément à une certaine distance de la surface. Tout se réunit donc pour nous faire admettre que le noyau liquide de la terre se réduit à des proportions relativement modestes. Peut-être même faudra-t-il renoncer à l’idée d’un feu central. Beaucoup de savans inclinent aujourd’hui à croire qu’il n’existe sous l’écorce terrestre qu’un certain nombre de mers intérieures de lave incandescente, séparées par des espaces solidifiés, et qui alimentent les volcans actifs.

Il est possible qu’un jour on arrive à trancher cette question par une étude approfondie de la périodicité des tremblemens de terre et des éruptions volcaniques. Beaucoup de géologues ne voient dans les tremblemens du sol que, le contre-coup des ondulations du pyriphlégéthon, de la grande mer de feu qui remplit l’intérieur du globe. Il s’ensuivrait que la lune en déterminant des marées dans l’océan intérieur comme dans celui qui couvre une partie de la surface terrestre, doit exercer une influence périodique sur la fréquence des secousses. M. Alexis Perrey croit en effet avoir découvert une relation constante entre les phases de la lune et les tremblemens du sol ; mais les chiffres qu’il cite à l’appui de ses lois ne nous paraissent guère plus concluans que ceux qui faisaient la base des spéculations météorologiques de M. Mathieu de la Drôme[1]. La seule observation connue d’une marée volcanique est celle que MM. Scacchi et Palmieri ont faite au mois de mai 1855 pendant l’éruption du Vésuve : ils ont constaté une recrudescence des laves deux fois par jour pendant deux semaines environ. D’autres témoignages sembleraient plutôt établir une connexion entre les secousses souterraines et les variations de la pression atmosphérique, ce qui serait favorable à l’hypothèse des accumulations de lave purement locales. M. Emil Kluge prétend avoir constaté que les éruptions volcaniques ont lieu surtout en été, tandis que les tremblemens de terre sont plus fréquens en hiver. Il n’hésite pas à affirmer que les éruptions dépendent des saisons, et subissent l’influence de la fonte des neiges, de la chute des glaces, des changements de la température et du poids de l’air, changemens qui se transmettent aussitôt par le sol. En classant par ordre de dates un total de 1,450 éruptions dont l’histoire fait mention, M. Kluge croit même avoir démontré que ces phénomènes suivent la même période d’environ onze ans qui se remarque dans la fréquence des taches solaires et dans les variations de la déclinaison magnétique : les minima des taches solaires

  1. On ne saurait parler d’une loi quand on trouve, par exemple, 2,700 chances pour et 2,600 contre l’arrivée d’un phénomène dans des circonstances déterminées.