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apprécier sans arrière-pensée les progrès qui ont. été réalisés ? dans le mécanisme des communications transocéaniennes.


II

Les premiers services de paquebots régulièrement organisés pour des distances considérables datent de 1837. Pendant que le gouvernement français établissait les lignes du Levant, l’Autriche favorisait la création du Lloyd de Trieste pour les communications postales dans l’Adriatique et dans la Méditerranée, et l’Angleterre subventionnait la Compagnie péninsulaire, qui, chargée d’abord du service entre Falmouth et Gibraltar, prolongea bientôt ses parcours vers Malte et vers Alexandrie. Dès l’origine, le système de l’exploitation directe par l’état et le mode de l’exploitation par des compagnies subventionnées furent en présence. La France persévéra jusqu’en 1851 dans le système qu’elle avait adopté, et il lui en coûta une perte nette de 20 millions environ, somme bien supérieure à ce que lui eût coûté le paiement d’une subvention. En outre les navires qu’elle avait construits spécialement pour le service de la Méditerranée, et qui, dans la pensée du gouvernement, devaient être employés suivant les cas aux transports ou à la guerre, furent reconnus insuffisans pour chacune de ces deux fonctions. L’expérience acquise aux frais du trésor était décisive.

L’établissement des paquebots français, anglais et autrichiens dans la Méditerranée avait été inspiré surtout par l’intérêt politique. La question d’Orient était alors prépondérante. Elle faillit, en 1840, mettre l’Europe en feu. Il importait aux principales puissances de montrer fréquemment leur pavillon dans les mers du Levant et d’y affirmer ainsi leur influence. Lorsque les rivalités politiques eurent été momentanément amorties par l’intervention de la diplomatie, les paquebots demeurèrent les instrumens très actifs d’une concurrence commerciale qui développa dans de grandes proportions le trafic de la Méditerranée. Le Lloyd et la Compagnie péninsulaire étendirent leurs opérations en augmentant le nombre de leurs navires. Le gouvernement français, dont les paquebots exécutaient avec une parfaite régularité le service postal, mais ne se livraient que dans une mesure très restreinte aux transports du commerce, jugea qu’il fallait compter sur ce dernier élément et transformer le mode d’exploitation. Il traita donc avec la compagnie des Messageries impériales, lui céda ses paquebots et lui confia, moyennant une subvention, le service postal, auquel devait se rattacher désormais le trafic des marchandises.

La création des services à vapeur dans la Méditerranée devait