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LES
PAQUEBOTS TRANSOCEANIENS

La Navigation à vapeur transocéanienne, par M. Eugène Flachat.[1]


Les paquebots sont les chemins de fer de l’océan. Ils rendent les mêmes services pour les transports. Ils emploient la même force, la vapeur tour à tour condensée et dilatée. Ils exigent pareillement le concours de la science et les ressources du capital. S’il y avait à marquer les rangs entre les deux modes de locomotion rapide et à les classer en raison de la difficulté vaincue, le paquebot l’emporterait sur la locomotive. Sans doute, pour livrer passage à celle-ci, il a fallu creuser ou relever le sol, construire des tunnels et des viaducs, jeter des ponts sur les fleuves, exécuter enfin ces travaux hardis qui excitent justement notre surprise et notre admiration ; mais une fois que la route est ouverte à force d’intelligence, d’argent et de bras, la locomotive glisse sans peine sur le rail, et, plus vite qu’un cheval emporté, elle reste docile à la main qui la mène. Bien différente est la condition du paquebot qui trace son sillage sur la mobile surface des mers. Pour lui, point de rail qui le soutienne et le dirige ; point de gares toujours prochaines où il puisse renouveler sa provision de combustible, se réparer ou s’abriter ; à chaque instant, il doit s’attendre à lutter contre la violence des élémens ; le vent, qui l’aidait tout à l’heure, lui

  1. 2 vol. in-8o et un atlas, 1866. Baudry.