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JEAN CHRYSOSTOME
ET
L’IMPÉRATRICE EUDOXIE

II.
le patriarche d’alexandrie, les longs-frères et la première déposition de jean chrysostome[1].

I.

Dans ce monde monastique qui comprenait le nome de Nitrie et ses annexes de Scété, entre la vallée du Nil et la chaîne des montagnes libyques, monde peuplé de cénobites et d’anachorètes, où les villes étaient des couvens et les laboureurs des ermites, vivaient quatre hommes bien connus dans toute l’Égypte sous le sobriquet des Longs-Frères. Ce sobriquet bizarre, ils le devaient à leur haute taille efflanquée, que relevait encore une maigreur excessive, fruit de leurs dures austérités. Une simplicité presque enfantine n’empêchait pas chez ces fils du désert la distinction de l’esprit et même un savoir assez profond. Disciples de cette grande école d’Alexandrie, où Didyme l’Aveugle continuait les enseignemens des Clément et des Origène, ils s’étaient essayés dans les lettres ecclésiastiques par quelques traités d’exégèse estimés. Une touchante unanimité liait d’ailleurs ensemble ces enfans de la même mère et de la même profession qui ne pouvaient vivre séparés. On eût dit

  1. Voyez la Revue du 15 juillet.