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d’enseigner cet art, dont le plus humble ouvrier peut tirer parti en plantant près de sa chaumière quelques bons arbres fruitiers.

Comme le paysan n’est pas toujours disposé à aller chercher l’instruction, on s’efforce de la lui apporter sous la forme la mieux faite pour agir sur son esprit. Les associations agricoles entretiennent des instituteurs d’agriculture ambulans (Wander-Instruktoren) ; chaque instituteur va de village en village donner des conférences pour expliquer les améliorations les plus urgentes à adopter. Il cite les exemples de celles qui ont réussi et invite les auditeurs à aller visiter ces exploitations modèles. Ces apôtres nomades de l’économie rurale ne prêchent pas dans le désert, car les rapports annuels de la commission centrale constatent les progrès qui leur sont dus. Ils ont contribué surtout à l’introduction des rotations plus rationnelles et à une meilleure conservation des engrais, qu’on commence même dans certains districts à couvrir d’un toit, pratique excellente qui en augmente notablement l’efficacité. Parmi ces professeurs ambulans qui ont le plus de succès, on cite dans le pays rhénan M. Gsell au nord et M. Schneider au sud de la province.

Une autre institution non moins intéressante est celle des stations de chimie expérimentale. Dans la patrie de Liebig, on attendait beaucoup des conquêtes de la chimie organique. L’agriculture est un art dont le résultat dépend d’une série d’opérations chimiques qui jusqu’ici échappent pour une large part au contrôle de l’homme. Des forces mystérieuses font échouer l’entreprise la mieux conduite. Dans l’industrie, il n’en est pas ainsi : certaines préparations donnent toujours les mêmes résultats, prévus et voulus. Les puissances naturelles sont domptées ; elles obéissent régulièrement à celui qui les évoque. Pourquoi n’en serait-il pas de même en agriculture ? Il devrait suffire d’analyser exactement la composition des terrains et celle des engrais : pour amener les réactions chimiques qu’on désire et assurer ainsi le succès des récoltes. Voilà le brillant espoir qu’on avait conçu et qui, ne se réalisant pas, a abouti à un certain découragement. Néanmoins la chimie a déjà rendu d’incontestables services à la culture, et c’est pour les mettre à la portée de tous qu’on a établi les stations expérimentales. Dans sept endroits différens, à Salzmunde, à Regenwalde, à Lauersfort, à Schmiegel, à Insterburg, à Ida-Marienhütte et à Dahme, des chimistes ont été chargés d’exécuter toutes les expériences qui peuvent être utiles aux cultivateurs. Déterminer la constitution des terrains, indiquer la valeur relative et la composition des engrais du commerce, mettre le public en garde contre les tromperies dont il est trop souvent victime, étudier l’influence fies diverses nourritures sur l’engraissement du bétail, telles sont quelques-unes des questions qui leur sont soumises. On comprend