au duc de Mayenne ni aux Espagnols. Il importe de remarquer en effet qu’aucun des prélats de la Bretagne, si on excepte le ligueur fougueux George d’Aradon, ne s’inféoda aux factions étrangères. Aussi l’évêque de Rennes n’hésita-t-il pas à rentrer dans son diocèse et à reprendre sa place aux états de la province aussitôt après la conversion du roi ; à la session de 1595, il présidait l’ordre du clergé. On peut donc dire qu’en s’engageant dans la ligue l’épiscopat breton ne dépassa jamais la mesure dans laquelle se maintint constamment le parti dit politique. Il avait reconnu Henri IV bien avant que les négociateurs de ce prince eussent obtenu du saint-siège l’absolution si longtemps retardée à Rome par les efforts des agens espagnols.
L’attitude de la noblesse bretonne fut à peu près celle du clergé. La très grande majorité des gentilshommes suivit le drapeau du duc de Mercœur, et l’hésitation ne pénétra dans ses rangs qu’après l’abjuration de Saint-Denis. Quand le prince de Dombes fut envoyé par Henri IV afin de remplacer le comte de Soissons, prisonnier de la ligue et enfermé au château de Nantes, il n’amena point au roi « plus de la moitié de la noblesse bretonne, » comme le dit M. Poirson, trompé par des témoignages inexacts. Lorsque ce jeune prince se rendit à Laval afin d’y recevoir Henri IV, son escorte était des plus brillantes sans doute, car elle était formée par les membres des trois plus grandes maisons de la province assistés de gentilshommes dont plusieurs avaient poussé le dévouement féodal jusqu’à la profession d’une foi nouvelle ; mais cette escorte était très faible numériquement, et si la noblesse royaliste n’avait été constamment soutenue par les troupes anglaises, qui n’évacuèrent la province qu’en 1595, elle n’aurait résisté dans aucune rencontre à l’arrière-ban des gentilshommes accourus à l’appel du duc de Mercœur des parties les plus reculées de la péninsule. En dehors des places appartenant en propre à MM. de Rohan, de Laval, de Rieux, il y avait très peu de châteaux fortifiés, habités par des gentilshommes, sur lesquels flottât l’étendard fleurdelisé au moment où commença cette longue suite de sièges presque toujours suivis d’effroyables égorgemens. Les garnisons royalistes, bien pourvues d’artillerie, firent, il est vrai, plusieurs entreprises heureuses dans le rayon où elles purent s’étendre ; mais elles perdirent la plupart de ces conquêtes quand les Espagnols eurent débarqué à Blavet des forces suffisantes pour tenir les Anglais en échec. L’armée catholique fut toujours très supérieure en nombre à l’armée royale, qui ne comptait qu’une très faible partie de Bretons. Aussi, quoique Mercœur n’ait pas déployé dans cette guerre les talens d’un grand général, remporta-t-il à Craon, en 1592, contre le prince de Dombes et les Anglais, une éclatante victoire, parce qu’il avait derrière