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le maintien et tuition de la religion catholique, apostolique et romaine, la conservation et liberté de la province, en attendant l’assemblée des états[1]. Ce mouvement démocratique précéda la dernière résolution de Mercœur, et l’on pouvait juger qu’il serait irrésistible avant même que ce prince eût congédié M. de Gesvres, que lui avait expédié Henri III à la suite du meurtre de son cousin, afin de lui offrir des garanties pour sa sûreté personnelle. Après le départ de cet agent confidentiel, le duc ne garda plus aucun ménagement avec le monarque. La duchesse de son côté entra dans la lutte avec la fermeté de son caractère et l’ardeur d’une ambition longtemps contenue. Elle pratiqua le capitaine Gassion, ancien serviteur de la maison de Penthièvre, qui commandait pour le roi le château de Nantes, et cet officier n’opposa nulle résistance au peuple, qui eut bientôt enlevé cette puissante forteresse. Remise aux mains d’un ligueur dévoué, elle servit de prison aux magistrats royalistes qu’envoyaient chaque jour à Mercœur les diverses villes de la province, à mesure qu’elles s’engageaient dans l’insurrection. Sous l’impulsion que lui imprimait la commune de Nantes, le flot montait en effet d’heure en heure. Il couvrit bientôt la péninsule entière. Dans cette vaste province, l’autorité du roi ne fut plus reconnue que dans quelques villes de guerre munies de garnisons françaises et dans un certain nombre de châteaux fortifiés appartenant pour la plupart aux maisons de Rohan, de Laval et de Rieux, alors engagées dans le parti protestant.

Rennes avait suivi l’exemple des autres cités bretonnes et s’était ralliée à la ligue. Le sire de Talhouët, ardemment dévoué à ce parti, s’étant fait assister par une troupe de bourgeois et par quelques chanoines, avait ameuté le peuple en annonçant l’entrée prochaine dans la ville d’une bande de huguenots commandée par l’un des principaux gentilshommes de cette religion, le sire de Montboucher, seigneur du Bordage. Sur ce bruit, d’ailleurs mal fondé, des barricades avaient été dressées, et MM. de La Hunaudaye et de Montbarot, le premier lieutenant-général pour le roi dans la Haute-Bretagne, le second gouverneur de Rennes, avaient dû se retirer dans la citadelle avec toute la garnison. Promptement informé du mouvement populaire qui semblait devoir lui assurer la possession de cette importante cité, Mercœur était accouru pour sanctionner le mouvement par sa présence. Ce prince parut à l’hôtel de ville, où il fut chaleureusement acclamé. Le lendemain, il vint au parlement,

  1. Les riches archives de Nantes contiennent un très grand nombre de procès-verbaux de ces assemblées paroissiales, qui, durant la guerre de la ligue, fonctionnèrent avec ardeur dans toutes les villes de Bretagne. M. Mellinet a donné plusieurs de ces délibérations intégrales ou par extrait dans la Commune de Nantes, t. III et IV.