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LES
ETATS DE BRETAGNE

II.
LA LIGUE EN BRETAGNE.

Lorsqu’en 1579 Henri III procurait au duc de Mercœur la main de Marie de Luxembourg-Martigues, c’était afin d’assurer à son jeune beau-frère le gouvernement de la Bretagne[1]. Déjà menacé par la ligue et bientôt conduit à la sanctionner faute de se sentir assez fort pour la combattre, il mettait une grande province à la discrétion d’un prince lorrain qui pouvait à un double titre s’y présenter comme prétendant. Par sa propre descendance de la maison de Châtillon comme parcelle de sa femme, Philippe-Emmanuel de Lorraine se trouvait en effet réunir et confondre sur sa tête tous les droits des comtes de Blois et de Penthièvre[2] ; mais.des considérations de prévoyance n’étaient pas de nature à retenir un monarque insouciant qui jouissait du présent sans rien attendre de l’avenir.

Durant les premières années de sa résidence en Bretagne, l’attitude du duc de Mercœur fut irréprochable. Pendant que le chef de la maison de Guise imposait les armes à la main à la faiblesse de Henri III le traité de Nemours, son parent protestait au sein des états de Bretagne de son dévouement pour le monarque aux ordres

  1. Voyez la Revue du 15 septembre 1867.
  2. Alliances de la maison de Lorraine, par Pierre Biré, in-12 ; Nantes 1593.