Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 71.djvu/682

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Où fleurit (vous osez vous plaindre)
Sur sa tige un lis enchanteur,
Que leur souffle exterminateur
N’ait cent fois essayé d’atteindre ?

Ce Voltaire, singe d’enfer,
Qui vous chante aujourd’hui l’aubade
Et sur votre chemin gambade,
Oubliant ses pamphlets d’hier,

Qu’a-t-il fait de votre grand’-tante,
La pucelle de Vaucouleurs ?
Quelle vertu, quel sang, quels pleurs
Respecta sa verve insultante ?

Et vous voulez qu’en bon chrétien
On vous épargne, vous ! Mensonge !
Rêvez, car la vie est un songe !
Et tout est bien qui finit bien !

Qui finit bien ! grave problème
Dont Dieu tient la solution.
Que savons-nous de l’action,
Avant le dénoûment suprême ?

Des profondeurs du bois plaintif,
Des mystères du vert bocage,
Que sait l’écureuil dans la cage
Où l’oiselier le tient captif ?

Il se remue et se travaille,
Tourne et retourne incessamment ;
Ainsi de cet oiseau charmant,
Dans son gai palais de rocaille.

Bercé par l’aile des zéphirs,
Inconscient, irresponsable,
Aiguisant son bec dans un sable
De diamans et de saphirs,

Du perchoir d’or à la mangeoire,
Et de la mangeoire au perchoir,
Il va, promenant jusqu’au soir
Ce joli rien qui fait sa gloire.