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demande sont la seule loi qui doive régler le prix du travail, prétendait « que l’ouvrier n’a rien à voir ni à espérer dans le bénéfice du fabricant, qu’il est un outil vivant dont l’entretien est indispensable, que le travail soit rare ou abondant. » En conséquence, la société réclamait l’établissement de tarifs plus élevés en raison du renchérissement de « l’entretien de l’outil, » et la création d’une commission arbitrale chargée de décider souverainement entre patrons et ouvriers. Des deux côtés, on semblait fermement résolu ici à imposer, là au contraire à repousser cette autorité, cet intermédiaire ; mais des deux côtés on se croyait obligé de faire appel à l’opinion publique. A qui la faute si des réclamations isolées, produites dans une ou deux maisons, avaient dégénéré en bataille rangée ? Les deux partis en rejetaient naturellement l’un sur l’autre la responsabilité. — Les patrons ont proclamé leur solidarité, disait la société ouvrière. — Vous avez mis nos établissemens en interdit, répondaient les patrons ; rentrez-y, nous nous arrangerons ensemble ; vous vous dites violentés par nous, et ceux qui voudraient travailler et débattre eux-mêmes leurs conditions, vous les empêchez de le faire ! — A Dieu ne plaise ! répliquèrent les ouvriers coalisés ; mais nous ne voulons pas, nous, grande majorité, rester à votre merci : prenons des arbitres, et qu’un juge d’équité prononce entre nous ! — Chercher à repousser le reproche d’initiative de la grève, promettre à chacun l’usage libre de son droit, prendre l’opinion pour juge, c’étaient là d’heureux présages : aussi la paix ne tarda-t-elle pas à se faire dans de bonnes conditions pour chacun. Il n’en fut pas de même à propos de la grève des tailleurs, qui à révélé des dispositions plus menaçantes, et a nécessité l’intervention de la justice.

Les grèves précédentes semblaient avoir échappé à la passion politique ; dans celle des ouvriers tailleurs, l’action des partis s’est laissé voir. De tout temps, les tailleurs ont formé à Paris une masse redoutable par le nombre et l’exagération habituelle des idées. Les variations forcées, mais regrettables, qui se produisent périodiquement dans le prix et la quantité du travail les rendent particulièrement accessibles aux suggestions des meneurs. Dans certains momens, la commande abonde, on n’y peut suffire ; bientôt après le chômage arrive et dure longtemps. Tel ouvrier ferait payer sa journée au poids de l’or au renouvellement des saisons qui plus tard donnerait ses heures à vil prix, De plus, quelles différences entre ceux qui travaillent pour les grandes maisons et ceux qu’emploient les établissemens de confection ! Si jamais l’idéal d’un salaire fixe et permanent fut l’objet d’aspirations ardentes, c’est assurément parmi des hommes dont quelques-uns, à certains jours,