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LE PATRONAGE
DANS
LES COMPAGNIES DE CHEMINS DE FER

MOEURS INDUSTRIELLE EN FRANCE ET EN ANGLETERRE

La lutte qui se poursuit depuis si longtemps entre le principe d’autorité et celui de liberté affecte chaque jour une physionomie nouvelle, et présente des caractères qu’il est de plus en plus curieux d’étudier. Sans admettre que les conséquences de l’un ou de l’autre de ces principes soient rigoureusement déduites et appliquées nulle part, qu’il existe une société qui soit exclusivement modelée sur l’un des deux et s’en montre le champion fidèle et obstiné, on ne peut s’empêcher de reconnaître la prépondérance soit de l’esprit d’autorité, soit de l’esprit de liberté dans les traditions, les lois, les mœurs de certains pays. Par exemple, on a coutume de dire des races latines que chez elles se perpétuent les vieilles tendances de l’absorbante et tyrannique administration romaine, tandis que les Anglo-Saxons représentent plus particulièrement l’initiative individuelle et le libéralisme. Que la France soit appelée à servir de trait d’union entre ces deux génies opposés, à concilier deux élémens nécessaires à l’équilibre des forces sociales, que dans les caprices mêmes de ses mouvemens désordonnés elle révèle une double aptitude et le besoin égal de chercher dans la protection de l’état une