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Après tout ce qui précède, je crois pouvoir à mon tour laisser à chacun le soin d’apprécier la valeur des doutes que son altesse impériale le prince Napoléon a cherché à jeter sur l’authenticité et la véracité des Mémoires du comte Miot de Melito.

Agréez, monsieur le directeur, l’assurance de ma considération la plus distinguée.

Général de FLEISCHMANN.



ESSAIS ET NOTICES.

POÉSIES NOUVELLES.


Ont-ils donc raison ceux qui disent que la poésie est morte ? Et ce cri de détresse n’éveillera-t-il pas quelques accents nouveaux ? Ne fera-t-il pas naître quelque poète inconnu ? Hélas ! c’est un présage qu’il serait doux de donner à ceux qui attendent cette renaissance, mais qu’il serait difficile de tirer de la lecture des volumes de vers que chaque saison fait éclore. Où trouver une physionomie vraiment originale ? Quelle inspiration neuve et puissante saurait-on signaler ? Comment distinguerait-on les uns des autres ces jeunes poètes, s’ils ne portaient chacun l’empreinte et comme le costume d’une école ?

Élevé à celle de Musset, M. Léon Valéry imite les défauts du maître avec une grande perfection. Il a rimé en octaves la vieille histoire de Pygmalion et de Galathée, et a intitulé son œuvre Nuda. Il aurait pu l’appeler aussi bien Namouna ou Mardoche. C’est bien en effet le décousu de l’aimable poète, son inégalité de style, son affectation de scepticisme, sa raillerie froide et son tour paradoxal ; mais ce n’est pas sa grâce et son génie. L’auteur paraît fort indisposé contre quelques-uns de nos plus éminens critiques : il leur reproche de n’avoir pas parlé de ses vers et les appelle avec dédain marchands de fausse gloire. Patience, jeune poète, commencez par jeter vos lisières, essayez de marcher seul, ayez (Jes qualités et des défauts qui soient à vous ; soyez original en un mot, et les critiques verront ce qu’ils pourront faire pour votre poésie.

M. F. Barré a intitulé son recueil Rimes d’escolier. pourquoi escolier ? Vous pensez à Villon, aux franches repues et aux cyniques joyeusetés du Testament ; vous ouvrez le livre, et vous y trouvez des poésies bien sages, faites par un enfant bien rangé et bonnes à lire, le soir à la veillée, pendant que la petite sœur brode, que le grand-père sommeille et que la bouilloire chante au coin du feu. Il est vrai qu’on y trouve aussi des chansons d’après Béranger et des stances d’après Musset, car M. Barré