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d’idées ambitieuses sur le dehors. On voit que, pour ce qui nous concerne, nous n’avons que le choix des vœux : quoi qu’il advienne, ceux qui ont le don de se consoler des mésaventures par des chansons pourront toujours dire e sempre bene ! Nous n’avons plus à songer qu’aux démarches de souverains qui doivent terminer pour l’année le cycle des courtoisies monarchiques, au voyage de l’empereur d’Autriche à Paris qu’on nous promet pour les derniers jours d’octobre, et peut-être-à une visite de l’empereur des Français au roi de Prusse, qui mettrait le comble au l’établissement de la confiance et de la sécurité générales.

S’il faut se conformer aux temps, s’il faut être frivole quand c’est le tour du jour, on doit convenir que cette règle est fidèlement observée par les naïfs esprits qui viennent de s’exercer dans la stérile agitation des congrès. Congrès catholique de Malines, congrès d’ouvriers de Lausanne, congrès de la paix de Genève, viennent d’ouvrir des jours curieux sur l’état lies esprits. Ces essais de manifestation de pensées collectives, ces efforts dont l’objet semble devoir être d’imprimer quelque unité au mouvement intellectuel de l’époque, ont avorté de la plus baroque façon. Il n’y a guère à parler du congrès de Lausanne si ce n’est pour avouer le regret que ceux qui prétendent à la direction des classes ouvrières se montrent si fermés aux enseignemens de la science économique. Le congrès de Malines, celui de Genève, faisant appel à un grand concours d’hommes éclairés, auraient dû mieux servir les intérêts qu’ils représentaient. Quoique le parti libéral ait la majorité en Belgique, on peut dire que c’est dans ce pays que le catholicisme politique a rencontré de notre temps son asile le plus honorable et le plus sûr. Sans doute les motifs de sérieuses ou mesquines querelles entre le parti catholique et le parti libéral ne manquent point en Belgique. Cependant on peut rendre au parti catholique belge cet hommage, qu’il s’est plusieurs fois montré capable de comprendre, d’aimer, de pratiquer la liberté. Bien des difficultés seraient aplanies dans les autres pays catholiques, si les intérêt religieux y avaient été défendus par des partis aussi intelligens et aussi consciencieux dans la pratique des institutions représentatives. Pourquoi faut-il que certains compatriotes à nous aillent chercher dans ce pays de bon seps des tribunes où faire entendre leurs vides, intempestives et maladroites déclamations ? Pourquoi M. Dupanloup, qui perd la voix à Orléans, a-t-il l’idée, d’aller la retrouver à Malines pour fulminer ces vieilles injures, ampoulées, pour prononcer ces gros mots contre Luther, Calvin et Voltaire, qui font tourner les controverses en emportemens grossiers ? En choisissant les Pays-Bas catholiques pour se livrer à ces violences, M. Dupanloup se trompe de lieu ; le parti catholique belge a plus de sens politique, plus de mâle tolérance que son hôte fougueux ; n’observe-t-il pas qu’aucun prélat belge ne s’avise d’aller vociférer ainsi dans un congrès tenu en Belgique ? Une velléité non moins maladroite a