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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 septembre 1867.

Cette première quinzaine de septembre aura été peut-être le seul moment politique de l’année favorisé de quelque tranquillité. La circulaire pacifique de M. de Moustier a effacé avec un optimisme candide les « points noirs » et les « revers passagers » des dernières harangues impériales ; il n’était pas possible de donner congé aux soucis politiques d’un air plus naïf et plus leste. Nous avons bien eu, pour continuer le fil du travail germanique vers l’unité, le discours sonore du grand-duc de Bade ; mais en revanche le discours du roi Guillaume à l’ouverture du parlement fédéral a été d’une prudence et d’une modération exemplaires. Il est visible que le gouvernement prussien n’est point pressé d’absorber l’Allemagne méridionale : les traités d’alliance militaire et la reconstitution du Zollverein lui suffisent pour le présent ; il veut digérer à loisir ses récentes annexions septentrionales. Les circonstances au milieu desquelles se produit cette halte marquée fournissent déjà aux politiques d’imagination les élémens d’une théorie souriante. Suivant ces médecins tant mieux, l’entrée des états du sud dans la confédération nouvelle serait un échec pour la suprématie prussienne. L’initiative semi-despotique de Berlin risquerait d’être annulée, si les Allemands du sud avec leur esprit libéral et démocratique faisaient irruption dans le reichstag fédéral. L’élément prussien serait alors noyé dans la grande nationalité germanique. Le peuple allemand se constituerait sur les principes du self-government. Libéral, il serait nécessairement pacifique, et son union ne saurait plus donner d’inquiétude aux nations voisines. Toutes les perspectives de ce côté seraient donc rassurantes : si les choses restent dans l’état présent, la Prusse, pour conserver l’hégémonie, demeurera modérée ; si le mouvement unitaire s’achève, l’Allemagne deviendra plus libérale, et s’occupera bien plus de ses progrès intérieurs que