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LA REVOLUTION
ET
LA REACTION EN ESPAGNE

Notre temps abonde vraiment en dramatiques spectacles. Tantôt ce sont les luttes d’ambition nationale ou de prépondérance qui éclatent et mettent soudainement à nu une Europe travaillée d’un mal profond ; tantôt ce sont les déchiremens intérieurs qui laissant entrevoir tout à coup les contradictions morales ou politiques, l’anarchie intime d’un pays. Et dans ce tumulte d’événement une chose singulièrement frappante, c’est que plus on va, plus les problèmes s’aggravent et se compliquent, plus les situations se tendent et s’enveniment. Toutes les questions qui s’élèvent, guerres ou insurrections, prennent aussitôt un caractère extrême ; pour les gouvernemens et pour les peuples, ce sont des questions d’existence. D’où vient l’anxiété cruelle qui se fait jour à la plus légère menace, à la moindre étincelle qui jaillit, au moindre point noir qui paraît à l’horizon ? C’est que partout et sous toutes les formes la lutte est engagée à outrance. En diplomatie comme dans l’ordre intérieur, le temps des fantaisies est passé. Une guerre, on le sent, doit être une crise décisive pour les destinées européennes. Une insurrection dans certains pays n’est plus une ébullition passagère, c’est une épreuve suprême pour tout un régime politique. Qu’est-ce que la dernière insurrection espagnole si ce n’est une lumière de plus, une nouvelle et criante révélation d’un état violent qui semble ne plus laisser de place à aucune transaction entre les forces qui se