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chercher la solution[1]. Il y aura aussi à tenir compte de la répugnance de certaines puissances, notamment de l’Angleterre, contre toute mesure quarantenaire, et de la nécessité où l’on sera de donner un caractère international aux établissemens sanitaires pour assurer la régularité du service. Nous ferons du reste remarquer que la conférence n’a pris aucune résolution directement applicable, et que cette circonstance a été particulièrement accentuée dans le discours par lequel Aali-Pacha a clos les séances de la réunion sanitaire internationale au mois d’octobre 1866.

L’acte le plus récent relatif à cette affaire est un rapport adressé à l’empereur des Français par les ministres des affaires étrangères et du commerce le 16 août 1867. Il y est constaté que les autorités locales ont fait de louables efforts pour améliorer les conditions sanitaires du pèlerinage, et que la surveillance instituée pour prévenir l’encombrement à bord des navires a eu pour effet en 1867 de déterminer un nombre considérable de pèlerins à revenir en Syrie par la voie de terre. Assurément on doit se féliciter que le pèlerinage de La Mecque ait été inoffensif pour l’Europe pendant les deux dernières années ; mais serait-il prudent de se livrer à une sécurité que l’avenir peut troubler tant que l’œuvre de préservation commune n’aura pas été poursuivie et achevée ? la science elle-même n’a pas encore dit son dernier mot sur l’origine, la nature, le mode de propagation du choléra, et le problème scientifique est intimement, lié à la solution des questions politiques, et, internationales qui ont occupé la conférence. En présence de préoccupations si graves et si légitimes, nous avons, pour notre part, jugé utile d’éclairer l’opinion publique en rappelant les conditions matérielles et morales du grand pèlerinage des musulmans depuis l’époque où les wahabites ont tout bouleversé en Arabie.


ADOLPHE D’AVRIL.

  1. Ces questions ont été examinées par M. Jules Girette dans un ouvrage intitulé la Civilisation et le Choléra, 1 vol. in-8o ; Paris, Hachette, 1867.