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contaminé. On doit seulement se demander si l’isolement est un moyen sérieux de combattre ou d’éviter la compromission. La majorité de la conférence ne l’a pas révoqué en doute, d’accord en cela avec l’opinion de la plupart des praticiens et avec l’expérience des dernières années. L’efficacité de l’isolement admise, la conférence a dû se poser ensuite la question de savoir si des mesures restrictives de la circulation, connues d’avance et appliquées convenablement, sont moins préjudiciables pour le commerce et les relations internationales que la perturbation dont l’industrie et le commerce sont frappés à la suite d’une invasion du choléra. La réponse a été affirmative. Subsidiairement la conférence a reconnu que plus les mesures de quarantaine et les autres moyens préservatifs seront appliqués près du foyer originel, moins ces mesures seront onéreuses et plus on peut compter sur l’efficacité des précautions prises au point de vue de la préservation de l’Europe. Si l’on ajoute à ces principes l’idée fort juste qu’il faut chercher à arrêter le fléau là où il est enserré dans un étroit espace, c’est à dire à surprendre l’ennemi dans un défilé, il suffira d’étudier une carte de géographie pour déduire de ces prémisses toute l’économie du système proposé par la conférence. L’objectif est la préservation du Hedjaz.

Le choléra est endémique dans l’Inde et particulièrement dans la vallée du Gange, où l’on en attribue l’origine à la putréfaction des cadavres que les indigènes jettent dans ce fleuve. Il y a donc des mesures à prendre pour empêcher que la maladie devienne épidémique soit dans les grandes cités, soit pendant les agglomérations temporaires, qui sont si fréquentes sur le territoire indien. En second lieu, il faut aviser à ce que les navires chargés de pèlerins musulmans pour La Mecque ne deviennent point les véhicules de l’épidémie. Pourquoi la science ne s’attaquerait-elle pas aussi à l’endémicité elle-même ? Lorsqu’on se sera bien rendu compte des conditions dans lesquelles le choléra prend naissance dans l’Inde, on ne sera pas éloigné de trouver des moyens pour l’empêcher de naître. Sous ce rapport, le gouvernement britannique a pris les devans, et la conférence a eu peu de chose à indiquer en dehors de ce qui a déjà été tenté avec de louables efforts et avec quelque succès.

Voilà les pèlerins de l’Inde embarqués pour le Hedjaz. Avant de pénétrer dans la Mer-Rouge, ils doivent passer par le défilé maritime de Bab-el-Mandeb ; c’est à cet étroit passage que la conférence les attend. Quel que soit leur état sanitaire, si les bâtimens ne peuvent pas arriver jusqu’à l’un des ports du Hedjaz, il n’y a pas à craindre que la caravane des pèlerins soit infestée de leur fait ; le Hedjaz ne portera pas à son tour la maladie en Égypte, d’où elle se