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le parti catholique dirigé par MM. de Guise, parti auquel semble adhérer plus résolument la reine-mère, motive peut-être l’empressement des états à accueillir toutes les demandes de la cour. Ils viennent d’ailleurs d’obtenir de celle-ci une concession considérable due à leurs efforts persévérans. Un arrêt du conseil privé du roi abolit toutes les procédures entamées contre les sieurs Avril et Lefourbeur, trésoriers de Bretagne ; ces procédures sont déclarées mises à néant conformément aux privilèges de la province et aux justes réclamations des états.

En 1571, une convocation extraordinaire a lieu d’urgence à Rennes, le roi demandant, en dehors des allocations antérieures, une somme indispensable pour satisfaire sans aucun retard les Suisses et les lansquenets de manière à assurer l’évacuation du royaume. Sur cette somme, 300,000 livres forment le contingent assigné à la Bretagne par le conseil de sa majesté. Les députés répondent que la Bretagne est épuisée, son commerce étant grandement diminué par les troubles du royaume et le peu de sûreté de la navigation. Néanmoins, à cause de la nécessité pressante où se trouve sa majesté, ils consentent, « sans tirer à conséquence pour l’avenir, » à voter une somme de 120,000 livres, laquelle sera levée dans chaque évêché au prorata de ses contributions ordinaires et d’après un tableau annexé à la délibération. Les états entendent d’ailleurs qu’il soit procédé à cette levée dans chacun des neuf diocèses par un bureau formé des juges aux présidiaux, des officiers municipaux et des principaux de la noblesse nominativement désignés par eux.

En 1574, le roi Charles IX envoie à M. de Bouille, son lieutenant-général en Bretagne, l’ordre de convoquer à Rennes les états de la province. Les lettres patentes portent que sa majesté est dans la nécessité de lever sur tout son royaume une somme extraordinaire de 1,100,000 livres pour la formation d’une grande armée à la tête de laquelle elle annonce l’intention de se placer elle-même. Les états sont convoqués pour qu’ils aient à fournir le contingent de la province ; ceux-ci mettent peu d’empressement à répondre à la convocation royale. La plupart des évêques, plusieurs députés des villes, sont absens, et les bancs de la noblesse sont à peu près dégarnis. Les trois ordres énumèrent par l’organe de leurs présidens les énormes dépenses auxquelles ils ont été conduits depuis le commencement des guerres civiles pour fournir des troupes au roi et pour organiser la défense des côtes, dépenses d’autant plus pénibles que la Bretagne a joui de la paix intérieure, et qu’elle a dû supporter les conséquences d’agitations auxquelles sa fidélité à l’église et son dévouement au roi l’ont laissée à peu près étrangère ; ils concluent en refusant de prendre aucune part dans cette charge