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culbuté à Saint-Mathurin-sur-Loire les troupes de Dandelot, vainement secourues par La Noue, avant le siège de Lamballe, où cet héroïque soldat fut, comme Turenne, couronné d’un boulet à la tête de l’armée[1].

Le premier soin des états est d’insister vivement pour la mise en liberté de leur trésorier Avril, celui-ci continuant d’être détenu à Paris sous l’inculpation de malversations, « desquelles il n’appartient qu’à la cour des comptes de Bretagne de connaître. » Du cahier des remontrances, je détache seulement quelques articles. « Sera remontré à sa majesté que par les anciennes chartes et privilèges du pays est porté que, sans le consentement des états, aucun office nouveau ne sera audit pays établi. Sera donc suppliée sa majesté de révoquer l’établissement de tous les nouveaux officiers naguère établis. » Les états expriment un vif étonnement de ce qu’une somme de 17,000 livres empruntée par sa majesté à plusieurs habitans des villes dudit pays n’a pu être remboursée au terme fixé, « ce qui irait à compromettre le nom du roi. » Ils demandent le remboursement immédiat de cette somme sur les deniers de la recette générale de sa majesté en Bretagne ; ils demandent surtout que la morte-paie soit régulièrement comptée aux garnisons de Nantes, Brest, Saint-Malo et Concq, « réduites à grande pauvreté et mendicité. »

L’édit de pacification de 1568 contrarie visiblement la Bretagne dans l’ardeur de ses sentimens religieux. C’est sans doute à cette disposition générale des esprits que correspond le vœu qu’ils expriment, « que les édits naguère faits soient exécutés de manière que les officiers et bénéficiera étant de la religion prétendue réformée seront contraints de se défaire desdits offices, et commandement fait, tant à ses lieutenans-généraux qu’à sa justice, de ne les souffrir jouir audit pays de Bretagne desdits offices sous peine de s’en prendre à eux. » Les états résument enfin leurs réclamations dans un seul mot, qui exprime à la fois leurs regrets et leurs espérances ; ils demandent à être remis, pour le fait de la justice et des finances, comme pour toute chose concernant leurs droits et privilèges, dans l’état où ils étaient sous le règne de Louis XII. En remontant ainsi par ses plus chers souvenirs vers l’époux de sa bien-aimée duchesse, la Bretagne tout entière exhale son âme dans un dernier cri de reconnaissance et d’amour.

Les états de 1569 et ceux de 1570 ne présentent rien qui mérite d’être rappelé. Leurs remontrances sont copiées presque textuellement sur les précédentes. Les demandes des commissaires du roi ne donnent lieu à aucune discussion. Le retour alors prononcé vers

  1. Dom Taillandier, p. 303, Histoire de la Noue, p, 38.