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qu’en principe, au nom des doctrines, immuables et des traditions séculaires de l’église romaine, la fermeté de Consalvi avait refusé de lui concéder par rapport à l’exercice extérieur du culte. Peut-être aussi n’ont-ils pas complètement oublié que l’espoir de faire reviser par l’empereur la plupart des articles organiques avait été l’un des motifs qui avaient le plus influé sur la résolution prise par le saint-père de venir sacrer l’empereur à Paris ; mais cette prière avait été éludée comme toutes les autres, et Pie VII était reparti sans avoir obtenu à cet égard la moindre satisfaction. Il ne paraît pas d’ailleurs que ce projet de Napoléon, d’établir à la fois l’unité dans la liturgie et dans le catéchisme ait, pendant le séjour du pape en France, suscité de sa part aucune objection. L’unité en toutes choses a toujours plu infiniment à la cour de Rome. Elle n’a pas cessé d’y pousser autant qu’il a dépendu d’elle. A la veille et au lendemain du couronnement, Pie VII, encore placé sous le charme de ses premières illusions, avait mille raisons de se flatter que, sur ces affaires de la liturgie et du catéchisme se rattachant de si près au dogme, il serait la première personne consultée par le prince qui semblait attacher tant de prix en ce moment à faire consacrer son pouvoir par les propres mains du vicaire de Jésus-Christ. Comment n’aurait-il pas supposé des dispositions pleines de déférence et de soumission à celui qui revendiquait alors comme le plus beau des privilèges l’honneur de porter, ainsi que l’avaient fait ses prédécesseurs, le titre de fils aîné de l’église ? Sur ce chapitre comme sur bien d’autres, l’église romaine ne tarda pas à s’apercevoir qu’elle était loin de compte, et qu’elle avait adopté un fils très entreprenant et des moins dociles envers sa mère.

Ce fut le lundi 5 mai 1806 que le journal de l’empire révéla tout à coup l’existence d’un décret impérial, daté du 4 avril, approuvé par son éminence, le cardinal-légat et annonçant la publication prochaine d’un catéchisme qui devait désormais être seul en usage dans toutes les églises catholiques de l’empire français. Ce catéchisme, décrété le 4 avril, annoncé le 5 mai, ne fut cependant mis en circulation que dans la première quinzaine d’août 1806. Les difficultés de l’impression, dont la surveillance était spécialement confiée au ministre des cultes, chargé de prendre à cet effet toutes les précautions qu’il jugerait nécessaires, ne furent pas les seules causes de ce retard. La confection du catéchisme lui-même avait donné lieu à beaucoup de tiraillemens. L’empereur, désirant vivement que la rédaction de ce travail ne soulevât aucune objection à Rome, en avait d’abord chargé un théologien italien faisant partie de la légation du cardinal-légat. Cet ecclésiastique étranger, qui n’était guère au courant de nos mœurs et de nos habitudes, à peine