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première seule lui parut raisonnable, qu’elle avait senti la rougeur lui monter au front. Alors, en face de cette émotion si loin de toute probabilité, elle avait laissé tomber de ses lèvres, à voix presque basse et sans en avoir conscience, ces mots maintenant expliqués : — c’est singulier,… c’est bien singulier !


IV

L’arrivée de la réponse adressée par Wilmot au télégramme de Mabel marqua une ère décisive dans la vie de cette jeune femme. En lisant ces quelques phrases, si insignifiantes en apparence et si peu faites pour émouvoir, elle éprouva un mouvement de secrète horreur, assez semblable à celui du dormeur qui, venant à s’éveiller sous le coup d’un malaise inexplicable, sentirait se glisser le long de son corps frémissant un reptile au contact glacial, au dard venimeux.

Sa cousine était là, elle lui tendit la lettre fatale. Si on veut bien se rappeler ce que nous avons dit plus haut des dispositions complexes et variables où, par rapport à Mabel, se trouvait Henrietta, on comprendra le mélange de compassion et de joie rancuneuse avec lequel cette dernière prit connaissance de cette épître par trop maritale. Cependant sa conscience ne lui permit pas d’en tirer parti pour triompher à son tour de son ex-rivale. — en bien ? lui dit-elle simplement, pourquoi semblez-vous prendre à cœur une chose si simple ?

Le fait est que la silencieuse Mabel, devenue fort pâle, ne se maintenait debout que par un effort de volonté ; mais elle n’en parut pas moins étonnée de l’émotion à laquelle sa cousine la supposait bien gratuitement en proie. Quant à sa pâleur, elle l’expliqua par un état de souffrance qui lui était habituel depuis quelques mois., — Et vous n’avez pris aucun conseil, essayé d’aucun remède ? lui demanda mistress Prendergast avec un intérêt quelque peu sceptique.

— Vous savez bien que non, vous qui me voyez sans cesse.

— Mais Wilmot ?… reprit l’autre, laissant sa question suspendue.

— Oh ! Wilmot ! répéta Mabel avec un petit rire amer,… est-ce qu’il a le temps de songer à moi,… est-ce qu’il s’occupe de mièvreries pareilles ? Tant que je suis sur pied, serait-ce la veille de ma mort, je ne dois pas m’attendre à lui inspirer le moindre souci.

— Permettez,… malade comme vous dites, vous ne deviez pas le laisser partir… C’était manquer d’égards et pour lui et pour vous-même.