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Mathithias, le vieux Simon, appelé à la dictature par le vœu unanime du peuple, prit d’énergiques mesures qui intimidèrent les Syriens. Ils durent même évacuer la forteresse de Jérusalem et abandonner les derniers hellénistes aux ressentimens du peuple. Simon accepta du suffrage populaire, sans plus se soucier de ce qu’on en dirait à Antioche, la sacrificature suprême et le titre héréditaire de nassi ou duc (ήγούμεος), avec cette clause, caractéristique du temps et du pays ; qu’il en serait ainsi « jusqu’à ce que vînt de la part de Dieu le vrai prophète » qui rétablirait tout sur le pied normal. Simon fortifia le pays, resserra les relations avec Rome, battit monnaie, et, s’il ne fit pas la guerre lui-même, vit du moins son règne illustré par les victoires que ses fils remportèrent aux frontières sur les Syriens.

La dynastie asmonéenne était donc fondée, et nous venons de voir sur quelle base, c’est-à-dire sur l’esprit national en réaction contre l’esprit grec. Esdras avait vaincu dans les rangs des chassidim. Sa tendance austère, son légalisme opiniâtre, avaient eu finalement raison des séductions amollissantes de l’hellénisme. Ainsi le mandat dynastique de la maison asmonéenne était de faire marcher de front les deux grands intérêts que l’esprit national considérait comme solidaires, celui de l’indépendance politique et celui de la théocratie. Reste a savoir si dans cette solidarité même il n’y avait pas une contradiction latente qui devait amener à un jour donné la ruine de l’édifice si laborieusement construit.


II

Jean Hyrkan, fils et successeur de Simon, devait son surnom à la victoire qu’il avait remportée sur l’Hyrkanien Ceridebaius, général syrien, C’était un homme de tête, ambitieux et capitaine habile. Le vieux Simon ayant été traîtreusement assassiné par un gendre qui négociait sous main avec la Syrie, Jean fit échouer cette contre-révolution par la promptitude et l’énergie de ses mesures. D’abord assez malheureux dans ses efforts pour repousser les Syriens, il ne tarda pas à reprendre le dessus, et comme la Syrie divisée, battue par les Parthes, s’affaiblissait de plus en plus, le prince asmonéen ne fit aucun mystère de ses prétentions, qui n’allaient à rien moins qu’à reconstituer l’ancien royaume de David. Il tint parole. Les pays à l’est du Jourdain furent les premiers conquis ; puis il tomba sur les Samaritains, ce mélange d’anciens Israélites et de colons jadis venus de l’Asie centrale que les Juifs pur sang abhorraient et qui le leur rendaient bien. Il détruisit leur temple de Garizim, rival détesté de celui de Jérusalem. Ce fut ensuite le tour