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qui, ne pouvant tenir tête en rase campagne aux troupes exercées d’Antiochus, dirigèrent contre elles une guerilla furieuse. La configuration du pays, la connaissance qu’ils avaient des localités, les sympathies secrètes de la population, leur permirent de remporter de brillans avantages, Ils eurent aussi des revers à essuyer, mais c’est ce que la foi exaltée supporte à merveille. Le vieux Mathathias mourut en 166, un an après l’explosion de la révolte. L’un de ses fils, Juda, lui succéda comme chef des insurgés, et dans une série de hardis coups de main infligea aux Syriens des pertes si sensibles, qu’il reçut du peuple le surnom, de Macchabée, c’est-à-dire le Martel. Ce nom populaire fut ensuite reporté sur ses frères et de là la coutume d’appeler les Macchabées cette héroïque famille asmonéenne qui devait pour la première fois apprendre au monde ce qu’il y a d’incompressible dans les convictions religieuses. Comme on peut s’y attendre, tout ne fut pas toujours pur dans cette guerre de délivrance ; le fanatisme y joua son rote. On se crut facilement tout permis contre le païen et contre le Juif ami du païen. Parfois, le petit peuple trouva ses libérateurs presque aussi lourds à supporter que ses oppresseurs. L’âme de la nation était pourtant avec les Macchabées. Le fait le plus glorieux de la carrière de Juda fut qu’en 165, ayant réussi à surprendre Jérusalem sous les yeux mêmes des Syriens et des hellénistes bloqués dans la citadelle de Sion, il purifia le temple de « l’abomination de la désolation » païenne. Le Culte de Jéhovah fut immédiatement rétabli. Antiochus, qui guerroyait alors en Perse, mourût peu après, et sa mort ouvrit pour la Syrie une longue suite de compétitions sanglantes dont profita le parti national en Judée.

Toutefois les patriote, avaient encore beaucoup à craindre, dans le premier moment, et le livre dit de Daniel ne fut pas de trop pour prévenir le découragement. Menacé par Démétrius, Juda rechercha l’alliance du peuple romain ; il n’en tira lui-même aucun profit. L’an 161, vaincu par les Syriens après un combat acharné où l’armée juive fut taillée en pièces, il mourut sur le champ de bataille avec l’auréole du martyr et ayant mis au cœur du peuple juif une confiance indestructible dans la bonté de sa cause. Deux de ses frères avaient déjà payé de leur vie leur dévouement à la cause nationale. Tout cela avait jeté les fondemens d’une dynastie nouvelle en ce sens que, si le titre de roi ne fut pas encore assumé par les Asmonéens, ils furent de fait la seule famille à qui, sous un titre quelconque, la souveraineté pût désormais être dévolue du consentement de tous.

La mort de Juda n’en fut pas moins un rude coup pour les patriotes. Le général syrien Bacchides restaura partout l’autorité de