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semblent tomber d’un point du ciel : c’est le point radiant des étoiles filantes S’il est permis d’assimiler celles-ci aux courans de poussière cosmique dont il vient d’être question, il faut admettre que le système solaire est actuellement traversé en tous sens par des courans de cette espèce. La matière y est assez rare pour qu’ils puissent se croiser sans se gêner dans leurs mouvemens. Quelques-uns, sous l’action des planètes, se sont sans doute transformés en courans fermés qui circulent autour du soleil dans des ellipses plus ou moins dilatées ; à cette catégorie appartiendraient les anneaux qui nous amènent les météores d’août et de novembre.

Allant toujours plus loin dans cette voie, M. Schiaparelli a calculé l’orbite des météores d’août, qu’il appelle les Perséides, parce qu’ils semblent rayonner de la constellation de Persée. Un simple coup d’œil sur les catalogues des comètes lui a fait reconnaître que cette orbite était à peu de chose près identique avec celle de la seconde comète de 1862. Cette comète avait offert des apparences assez curieuses et qui n’avaient pas cessé de varier pendant le peu de jours qu’elle a été en vue ; un panache de lumière se montrait alternativement à gauche et à droite, quelquefois il y en avait deux. A un moment donné, cet astre s’était beaucoup rapproché de nous, il avait frisé l’orbite de la terre dans la région où nous nous trouvons chaque année vers le 10 août ; mais quand la terre atteignait ce point de sa route en 1862, la comète en était encore loin, elle n’y arrivait qu’un mois après, le 13 septembre. Si d’aventure elle avait paru quelques semaines plus tôt, il est probable qu’elle se serait rencontrée avec la terre et qu’elle aurait traversé notre atmosphère sous la forme d’un immense bolide.

Les astronomes qui ont calculé l’orbite de cette comète lui ont assigné un temps de révolution relativement court : elle doit venir nous rendre visite dans cent dix ou cent vingt ans. La période de cent huit ans, qui se reconnaît vaguement dans les récits relatifs aux météores de la Saint-Laurent, ne s’accorde pas d’une manière bien éclatante avec les retours de la comète ; mais ceci n’est fort heureusement pour la nouvelle théorie, qu’un point très secondaire. Il suffit d’admettre que la comète et l’essaim de météores qu’elle semble conduire ont subi des perturbations différentes à cause de la distance où l’une se trouve par rapport à l’autre, pour qu’une différence de quelques années dans les révolutions s’explique d’une matière toute naturelle.

M. Schiaparelli a fait le même calcul pour les météores de novembre. Après quelques essais, il a fini par trouver pour ce groupe d’astéroïdes une orbite qui ressemble exactement à celle de la première comète de 1866, découverte par M. Tempel à Marseille. Il est difficile d’admettre que des coïncidences aussi extraordinaires soient dues au hasard ; il y a là certainement un rapport de cause à effet. Les astronomes se sont empressés de chercher d’autres exemples de la concordance d’une orbite