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échange de courans ascendans et descendans, à une sorte d’ébullition de haut en bas. La nébuleuse se transforme ainsi peu à peu en étoile variable, elle offre l’aspect d’un soleil rempli de taches mobiles. Le rayonnement devient alors plus actif, tous les phénomènes se précipitent, et la phase solaire, la phase brillante marche vers sa fin. Toutefois, lorsqu’un soleil se hâte, cela peut encore durer quelques millions d’années ! Le froid gagne enfin les couches profondes, et l’astre s’enveloppe d’une croûte pâteuse qui se solidifie avec le temps, protégeant comme un vêtement imperméable un noyau liquide. Là se conserve la dernière étincelle du feu céleste. Nous entrons dans la phase géologique, dans la phase du soleil éteint. L’étoile devient un globe obscur, modérément chaud, entouré d’une atmosphère, habitable. Sous cette forme elle poursuit encore sa course pendant bien des siècles, mais la masse interne finit par se pétrifier elle-même, l’ancien soleil perd le dernier reste de chaleur qu’il gardait de son origine ; la vie cesse alors d’y être possible.

Les comètes étaient pour Laplace de petites nébuleuses errantes, étrangères au système planétaire. Formées par la condensation de la matière cosmique qui paraît être disséminée avec profusion dans l’univers, elles cheminent dans tous les sens jusqu’à ce qu’elles rencontrent un soleil dont la puissante attraction les entraîne. Sous cette influence irrésistible, elles décrivent des. orbites allongées : on les voit d’abord se précipiter vers le soleil comme si elles allaient y disparaître ; mais l’excès même de la vitesse acquise les sauve de la destruction, elles ne font que tourner autour du foyer qui les attire, et s’éloignent ensuite de nouveau pour se perdre dans l’immensité. Ce n’est que dans des cas très rares qu’elles se résignent à parcourir des orbes rentrans, des ellipses, et à revenir d’une manière périodique dans le voisinage immédiat du soleil. Le nombre de ces hôtes chevelus qui ont fixé leur résidence dans le domaine de notre soleil est très restreint en comparaison de celui des comètes qui s’en vont sans retour. La plupart décrivant des orbites de forme parabolique ou hyperbolique dont la naissance et la fin sont dans l’infini. Ces orbites ou trajectoires sont si flexibles à cause de la faiblesse des masses cométaires, que les planètes elles-mêmes les dérangent souvent ; la comète de Lexell a été complètement jetée hors de sa voie par l’attraction de Jupiter. Pour donner une idée de l’ordre de grandeur des masses cométaires, je dirai que M. Edouard Roche assigne à la grande comète de Donati un poids égal à celui d’une sphère d’eau de 800 kilomètres de diamètre.

Il y a deux ans, un astronome hollandais, M. Hœk, a soumis les orbites des comètes déjà observées à une révision qui l’a conduit à des conclusions fort intéressantes. D’après M. Hœk, il existe dans l’univers, des systèmes cométaires indépendans, tout aussi bien que des systèmes planétaires et des systèmes de nébuleuses. Ces troupeaux célestes parcourent des orbites très allongées autour de quelque centre d’attraction