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de ménage ne retardera pas longtemps, nous l’espérons, la conclusion d’arrangemens financiers entre les deux parties de la monarchie autrichienne. Le budget général de M. de Becke viendra ensuite. On prétend que le budget autrichien se soldera par un déficit de cent millions de florins. Une pareille pénurie suffirait seule pour conseiller la prudence à l’Autriche, dans la direction de sa politique. Le repos de la paix et l’usage des nouvelles libertés publiques répareront sans doute les effets de cette détresse financière. La Hongrie, qui est satisfaite politiquement, a l’air de vouloir s’appliquer de bon cœur au progrès économique. Des sociétés s’y fondent avec facilité pour l’établissement d’utiles institutions de banque et la construction de voies ferrées. La récolte des céréales y a été magnifique cette année et donne lieu à des exportations considérables et lucratives. Les Hongrois sont enchantés au surplus de l’application consciencieuse et de la loyauté avec lesquelles leur roi remplit ses devoirs constitutionnels. On dit que le roi de Hongrie montre une remarquable aptitude pour le travail et témoigne dans le conseil d’une déférence pleine de sincérité aux avis de ses ministres. Il y a du côté de la Hongrie comme une lueur souriante dont le reflet effleure la figure de François-Joseph depuis qu’il s’est abrité sous la couronne de saint Étienne aux applaudissemens d’un peuple réconcilié.

La politique en Italie est traînante comme partout. Garibaldi rôde toujours vers la frontière de l’état romain ; mais on ne lui fait aucun signe de Rome même. On dirait que les Romains se résignent à leur sort et ne veulent point recevoir l’affranchissement du dehors. La légion d’Antibes, la lettre du maréchal Niel, le problème de savoir si le gouvernement italien a fait à Paris des représentations sur cette lettre et quelle réponse aurait été donnée par la France aux remontrances italiennes, tout cela n’excite plus guère la curiosité. M. Rattazzi paraît s’adonner tout entier à l’opération fondée sur les biens ecclésiastiques. L’émission des obligations qui seront la représentation et le titre d’échange du domaine clérical va être bientôt commencée. La Banque de Florence, en se procurant une somme d’or modérée, pourra étendre la circulation de ses billets et seconder la souscription des obligations ecclésiastiques. Il s’ensuivra probablement une dépréciation du change, et on passera ainsi quelques mois. L’expédient ne serait point fâcheux, s’il devait servir de transition à la réalisation d’un système régulier et équilibré. Le malheur, c’est qu’au bout il n’y a ni système ni principes. Quand le produit de la première émission des bons ecclésiastiques aura été dépensé, on se trouvera, après avoir usé une importante ressource, dans le même état qu’aujourd’hui, avec un écart énorme entre la recette régulière et la dépense forcée. Un ministre plus prévoyant que M. Rattazzi et plus soigneux d’assurer l’ordre et l’exactitude dans l’administration des finances italiens n’eût point appliqué la ressource extraordinaire sans établir la