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qu’elle irrite. L’imagination ne saurait avoir sa part dans l’histoire contemporaine, les faits, comme dit Joubert, n’y sont pas malléables ; mais la passion en est le charme en même temps que le danger. C’est le cas pour Alison. Son œuvre est née en 1814 du spectacle de notre défaite et du triomphe de nos ennemis. Dans une revue où les alliés étalèrent sous les yeux des Parisiens attristés et surtout d’étrangers curieux l’orgueil et la menace de leurs légions victorieuses, un jeune Écossais perdu dans la foule s’enivra de cette mise en scène et conçut la pensée de raconter les événemens inouïs qui avaient amené l’Europe à Paris. Ce jeune homme était Alison. Quand il écrivit cette œuvre de défiance et d’inimitié, où était la vieille alliance de l’Ecosse et de la France ? où était la sympathie qui avait si longtemps uni les deux nations ?

M. Burton paraît aussi sage ami du progrès et juge impartial des opinions que M. Alison se montre rétrograde dans ses doctrines et passionné dans ses récits ; par ses sentimens pour notre pays, il est tout l’opposé de son devancier. Comme il est proprement l’historien de la nationalité écossaise, il ne peut oublier tant de sacrifices réciproques, tant de preuves d’amitié données sur le champ de bataille, la dette du sang toujours payée sans retard, quelle que fût l’échéance : exemple d’une fidélité peut-être unique dans l’histoire, celui de deux peuples qui durant trois cents ans ont refusé d’accéder à tout traité où leurs deux signatures n’étaient pas côte à côte ! D’ailleurs l’intérêt de la Grande-Bretagne n’est plus en jeu. Il n’y a plus de dangers publics ni de griefs communs qui effacent la mémoire des vieilles amitiés comme du temps de Walter Scott et d’Alison. On peut être un bon et loyal Écossais tout en se souvenant davantage de Bannockburn ou de Flodden et un peu moins de Waterloo. Le patriotisme écossais jaillissant du milieu de la poudre des archives et portant de nouvelles lumières dans l’obscurité du passé, c’est là ce qui nous a le plus frappé dans la lecture de cette histoire d’Ecosse qui succède à tant d’autres et vient peut-être les remplacer. Nous nous proposons surtout d’apprécier l’écrivain, ses sentimens patriotiques, son tour d’esprit, sa méthode ; puis, de l’écrivain passant au livre, nous en dégagerons l’idée générale, qui est l’histoire d’une nationalité.


I

John Hill Burton, élevé pour le barreau, avocat depuis 1831, nommé en 1854 secrétaire du conseil d’administration des prisons (prison board) d’Ecosse, était déjà l’auteur d’ouvrages nombreux, dont le litre seul indique sa patrie particulière et inscrit,