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comprennent des colliers, des pendans d’oreilles, des bracelets d’or et de perles de l’exécution la plus élégante, une magnifique chaîne d’or d’où pend un scarabée d’un travail exquis, plusieurs haches et hachettes en or et en argent et une belle hache à manche de bois de cèdre recouvert d’une feuille d’or, divers poignards dont l’un à gaîne et à lame d’or, un pectoral ayant la forme d’un naos ou petite chapelle, un chasse-mouche ou flabellum, un miroir vernissé d’or, un sceptre recourbé à l’extrémité et entouré d’une large feuille d’or en spirale. On comprend que de telles richesses devaient tenter l’avidité des vivans, et malgré le respect que les Égyptiens professaient pour les tombeaux, malgré la croyance qu’ils avaient qu’un dieu spécial à tête de chacal, Anubis, veillait à la conservation des sépultures ainsi qu’à celle des momies, des mains coupables les violèrent plus d’une fois. A Thèbes, sous le règne de Ramsès IX, il s’organisa une bande de voleurs qui s’abattit sur la nécropole de cette ville. Les tombeaux des gens du commun furent d’abord dépouillés, puis les tentatives se portèrent sur les tombes des prêtresses du temple d’Ammon, enfin les voleurs s’attaquèrent aux sépultures royales. L’autorité s’émut de ces méfaits ; une commission fut nommée, des gens arrêtés, une enquête ordonnée. C’est le procès-verbal de cette enquête que nous a conservé le papyrus Abbott. La crainte des vols, comme aussi une modification dans les idées sur l’existence future, firent peu à peu abandonner l’usage primitif de placer dans les tombeaux des richesses mondaines, des meubles, des ustensiles et jusqu’à des alimens dont on supposait sans doute que le mort faisait usage ; on n’y déposa plus que des objets d’une destination purement funéraire, en vue d’assurer le repos du défunt et son pèlerinage dans le ker-neter. C’est ce qui commence à se produire sous le moyen empire. Ces objets sont des figurines reproduisant l’image de la momie, des scarabées, des vases, notamment ceux que nous appelons improprement canopes, où l’on déposait les entrailles retirées du corps avant l’embaumement, enfin l’out’a ou œil d’Horus, emblème du soleil.

Tous les monumens de l’Égypte, même les palais des rois, qui présentaient encore le caractère de sanctuaires, puisque le pharaon était l’image visible du soleil, avaient donc une destination religieuse. C’est la religion en Égypte qui fit vivre, qui guida l’art et l’empêcha de prendre cette liberté d’allures, cette souplesse, cette variété qu’on admire dans l’art hellénique : aussi pendant toute la série des siècles a-t-il gardé le même cachet ; le style seul a quelque peu varié.

Les monumens et les simulacres de l’ancien empire se distinguent par une plus grande simplicité dans les règles que s’impose l’artiste et par l’harmonie des lignes. On en a un exemple dans les