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d’ailleurs dirigées vers la démonstration définitive et palpable d’une corrélation intime entre les formes diverses que revêt la force : il s’est occupé de recherches expérimentales sur les rapports de la gravité avec l’électricité ; il a réussi à montrer que la lumière est influencée par la force magnétique. La brillante expérience par laquelle il a constaté ce fait a été publiée en 1846 ; voici en quoi elle consiste : lorsqu’on regarde la flamme d’une lampe à travers l’oculaire d’un instrument appelé polariscope, on peut trouver une position de cet oculaire où la flamme cesse d’être visible. Une plaque du verre pesant de Faraday, interposée sur le trajet des rayons, ne produit aucun changement tant qu’elle est à l’état naturel ; mais, si elle se trouve entre les pôles d’un électro-aimant, elle devient active au moment où le courant circule dans l’aimant : elle imprime à la lumière une sorte de rotation qui a pour effet de faire reparaître l’image de la flamme ; cette image disparaît de nouveau au moment où le courant est interrompu. Ce phénomène n’a pas encore été expliqué, mais il prouve d’une manière irréfutable que le magnétisme change la structure moléculaire des corps.

On doit à Faraday une autre découverte qui ouvre des horizons imprévus, c’est celle du diamagnétisme. Il résulte de ses recherches que tous les corps sont soumis aux forces magnétiques : les uns, comme le fer, le nickel, le cobalt, l’oxygène, sont attirés par l’aimant ; les autres, comme le bismuth, l’antimoine, l’or, l’argent, l’hydrogène, sont repoussés : ce sont les corps que Faraday appelle diamagnétiques. — Les corps magnétiques, lorsqu’ils sont suspendus librement, se dirigent suivant la ligne des deux pôles ; les corps diamagnétiques se placent en travers. Depuis le fer, le corps le plus manifestement magnétique, jusqu’au bismuth, qui représente l’extrême opposé, on peut classer toutes les substances en une série continue : d’abord celles où la force est attractive avec une intensité décroissante, puis les corps indifférens, et enfin ceux qui subissent une action répulsive de plus en plus décidée. Brugmans avait annoncé dès 1778 que le bismuth est repoussé par l’aimant, et Lebaillif avait retrouvé la même propriété dans quelques autres substances, par exemple dans l’antimoine ; la polarité magnétique du cobalt et du nickel était connue depuis longtemps. C’est à Faraday toutefois que revient l’honneur d’avoir approfondi ces faits et de les avoir établis d’une manière certaine et générale. L’un des résultats les plus imprévus de ses recherches, c’est que la nature du milieu ambiant peut complètement changer les propriétés des corps. Quant à l’explication des phénomènes du diamagnétisme, elle est loin d’être facile, et beaucoup de physiciens y ont vu une pierre d’achoppement pour les théories admises. On peut cependant concilier les faits observés avec les idées qui ont cours depuis Ampère, en admettant avec MM. Becquerel que tous les milieux, sans excepter l’éther ou ce qu’on appelle communément le vide, sont