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de passer l’été à Genève. Le souvenir de cette visite à Genève est encore dans la mémoire de tous ceux qui eurent l’occasion de voir à cette époque Davy et son jeune préparateur ; il est passé à l’état de tradition dans les familles des Saussure, Candolle, de La Rive, Marcet, Pictet et des autres savans dont Genève a le droit d’être fière. La modestie et le caractère du jeune Faraday produisirent sur ces juges si compétens une profonde impression. Il était alors tel qu’il est toujours resté.

Avant de se rendre à Genève, Davy et Faraday avaient eu à Milan l’occasion de voir Volta, alors très vieux. L’automne de 1814 les vit parcourant les Alpes tyroliennes ; l’hiver les ramenait à Rome, d’où ils revinrent à Londres, en prenant par le Tyrol et l’Allemagne, vers le mois d’avril 1815, après une absence de dix-huit mois. Faraday reprit son emploi de préparateur et ne quitta plus l’Institution royale. En 1820, — il avait alors vingt-neuf ans, — nous le trouvons préparateur de Brande, le successeur de Davy, qui n’était plus à cette époque que professeur honoraire. Depuis cinq ans, il n’avait fait que poursuivre en silence les recherches qui occupaient ses rares loisirs. Lorsqu’il n’avait pas quelque leçon à préparer, on utilisait sa bonne volonté à accumuler des provisions de différens produits chimiques difficiles à obtenir dans le commerce. Des rangées de flacons bien remplis et étiquetés témoignaient de son assiduité. Il acquit ainsi une très grande habitude des travaux pratiques et une expérience précieuse de tous les procédés en usage : son Traité des manipulations chimiques, qu’il fit paraître en 1827 et qui eut un grand succès en Angleterre, nous le montre parfaitement familiarisé avec toutes les branches de la chimie expérimentale qui étaient cultivées à cette époque.

C’est en 1820 qu’il donna pour la première fois signe de vie en publiant sa découverte du chlorure de carbone. Elle fut le point de départ d’une série de recherches sur les principes combustibles qui entrent dans la composition des gaz employés à l’éclairage. En 1822, il entreprit pour M. Stodart un travail assez original sur la constitution de l’acier, auquel il essaya d’allier de petites quantités de platine, d’argent, de rhodium, etc. Il existe encore en Angleterre des aciers de ce genre qui portent le nom de Faraday et qui sont plus doux que les aciers ordinaires. C’est de la même époque que datent ses célèbres et brillantes expériences sur la condensation des gaz, qui lui firent plus d’une fois courir des dangers très réels par l’explosion de ses appareils. On sait qu’à l’école de pharmacie de Paris un accident de ce genre, arrivé pendant une tentative de liquéfaction de l’acide carbonique, a coûté au préparateur ses deux jambes. Faraday lui-même faillit rester aveugle à la suite d’une explosion qui lui brûla le visage en 1823.

Les recherches sur la liquéfaction des gaz furent commencées sous les auspices de Davy. Elles conduisirent Faraday à énoncer pour la première fois l’identité des gaz et des vapeurs. Les gaz ne sont rien autre