Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 71.djvu/1006

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

paquebots, parcourent annuellement, aux termes de leurs contrats, près de 760,000 lieues marines, avec des subventions s’élevant ensemble à 26 millions de francs. En France, la compagnie des Messageries impériales exploite, avec 62 navires, un réseau de 471,000 lieues dans la Méditerranée, dans l’Atlantique, sur le Brésil et dans les mers de l’Indo-Chine ; elle reçoit une subvention de 14 millions et demi. La Compagnie générale transatlantique fait parcourir à 21 paquebots une distance annuelle de 170,000 lieues, pour les services des États-Unis, des Antilles et du Mexique, moyennant une subvention de près de 10 millions. Les deux compagnies françaises comptent donc un effectif de 83 navires pour un réseau de 641,000 lieues, et elles reçoivent ensemble de l’état 24 millions et demi. Les États-Unis ne subventionnent pour les communications avec l’Europe que 19 navires qui parcourent environ 110,000 lieues : la subvention n’est point payée en argent. La compagnie Inman, qui exécute le service, reçoit le produit de la taxe des lettres, produit qui est évalué à 3 millions.

La France, entrée tardivement, bien après l’Angleterre, dans la carrière des entreprises transocéaniennes, y a pris tout de suite une place très considérable. Déjà, par le nombre des paquebots et par l’étendue des parcours, elle atteint presque les chiffres de la Grande-Bretagne, qui est organisée depuis longtemps pour ce genre d’opérations. Il ne s’agit, bien entendu, que des services subventionnés, car on sait que l’Angleterre possède en outre une nombreuse escadre de steamers exploités par des compagnies commerciales. Les deux gouvernemens entretiennent des services à destination des États-Unis, des Antilles, du Brésil et de la Plata, des pays de l’Indo-Chine ; cette concurrence, qui rend les voyages plus fréquens et multiplie les relations entre l’Europe et les contrées les plus éloignées, a révélé dès le début les avantages des paquebots français, dont la construction, plus récente, a profité de tous les perfectionnemens.techniques, dont les aménagemens sont reconnus plus comfortables, et qui pour la vitesse et la régularité ne le cèdent en rien aux paquebots anglais. Il est vrai que les subventions allouées aux compagnies françaises sont un peu plus élevées ; mais on doit tenir compte des difficultés plus grandes que ces compagnies avaient à surmonter pour achever leur organisation et de l’infériorité de leur trafic, comparé avec l’immense mouvement de voyageurs et de marchandises dont l’Angleterre est le centre. Quant aux États-Unis, ils se trouvent dans la situation la plus commode pour être desservis à peu de frais. Ils n’ont qu’à laisser venir à eux les paquebots anglais, français, allemands, qui luttent d’empressement et de vitesse pour leur apporter les correspondances, les voyageurs et les produits de luxe. Il y a quelques années, le sentiment de