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puissante. L’un et l’autre sont en mesure de consacrer aux expériences un capital qui dépasserait les ressources du constructeur le plus ingénieux ou du plus habile armateur. En cas d’échec, la perte est relativement minime, et si l’essai réussit, le bénéfice est en raison de l’importance de la construction et du trafic. Les arsenaux d’un état et-les chantiers d’une compagnie sont des laboratoires où les ingénieurs les plus éminens dans toutes les branches de l’industrie navale travaillent incessamment au profit de tous. Ces établissemens remplissent dans l’œuvre générale de la production un rôle essentiel, et c’est une raison de plus pour encourager, au nom de l’intérêt public, les grandes associations de capitaux qui concourent avec l’état à l’avancement de la science maritime.


III

Les progrès techniques qui viennent d’être énumérés ont amélioré le service des paquebots sous le rapport de la vitesse, du comfort pour les passagers et de l’espace disponible pour les marchandises. Les premiers navires de la compagnie Cunard avaient une vitesse moyenne de 8 à 9 nœuds : aujourd’hui la vitesse des paquebots transatlantiques anglais et français atteint et dépasse même 12 nœuds. Les installations pour les passagers sont beaucoup meilleures qu’à l’origine, les curieux qui visitent les grands steamers amarrés dans les bassins peuvent admirer le luxe parfois excessif qui décore les salons et les cabines ; mais ce que les, voyageurs apprécient davantage, et avec raison, ce sont les combinaisons ingénieuses et presque savantes qui se révèlent dans tous les détails de l’aménagement, et qui tendent à diminuer la fatigue d’un long séjour à la mer. Quant aux marchandises, elles n’occupaient à bord des anciens paquebots qu’une place très restreinte ; maintenant elles y trouvent d’amples espaces où s’arriment de précieuses cargaisons. Par une conséquence naturelle, l’amélioration du navire a créé une plus grande affluence de passagers et une plus grande somme de transports. Les compagnies ont été incitées à multiplier et à rapprocher les départs, à organiser de nouvelles lignes, à desservir des escales qui n’étaient point indiquées dans leurs contrats, en un mot à étendre leur exploitation dans la mesure de l’intérêt général, qui s’accorde presque toujours avec leur intérêt propre ; elles ont pu réduire les prix du passage et le taux du fret. Le perfectionnement du véhicule a développé la matière transportable, et par réciprocité l’abondance de la matière transportable, en augmentant les recettes des entreprises, permet à celles-ci de subvenir aux dépenses nécessaires pour accroître la puissance utile du paquebot.

Là ne se borne point l’action bienfaisante des services