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anlaises, où figure, il est vrai, l’opium, de 135 millions. Ces chiffres sont éloquens. Au reste, la situation est sur le point de changer, car la compagnie des Messageries impériales accuse déjà une augmentation du trafic entre la France et la Chine assez considérable pour motiver le doublement de son service.

Les gouvernemens de la Chine et du Japon ne sauraient à cette heure, selon toute apparence, comprendre les doctrines du libre échange, ils chercheront peut-être à défendre indirectement le travail indigène contre l’introduction des marchandises étrangères ; mais une fois l’impulsion donnée, en présence des traités aujourd’hui en vigueur, il leur sera difficile d’empêcher les masses de se rendre à l’attrait du bon marché uni à la perfection de la fabrication.

Il est évident, si l’on s’en rapporte à la nombreuse collection de minerais qui figure à l’exposition japonaise, que le sol de ce pays renferme d’abondantes richesses métalliques. L’indigène sait-il en tirer parti ? L’état actuel de nos connaissances relativement à l’intérieur ne permet pas de rien affirmer. Il paraît constant néanmoins, d’après ce qui se voit à Yédo, que les mines de houille ne sont exploitées qu’à la surface. Le charbon utilisé comme moyen de chauffage ou bien employé aux machines dans les bateaux à vapeur importés de l’étranger et dans les usines élevées par le taïcoun laisse généralement un résidu abondant et blanchâtre. Il est à croire pourtant que la société américaine a acquis, avant de songer à entreprendre la construction d’un chemin de fer entre Yédo et Yokohama, la certitude que le pays fournirait le combustible en quantité et en qualité suffisantes. Quant à la Chine, bien que l’exposition universelle ne donne aucune indication qui permette d’apprécier les ressources minérales de cet empire, on sait qu’elles y abondent plus qu’en aucun pays du monde. Sur divers points du territoire, entre Pékin et Tien-sin notamment, le sol enfouit d’immenses houillères à peine exploitées, dont le charbon ne le cède pas, dit-on, en qualité aux charbons de Newcastle ; aussi a-t-on déjà parlé de l’établissement de voies ferrées entre certains grands centres de production. Dans le Sétchuen, les Chinois se servent depuis plus de quatre siècles de rails de fer et de wagons pour faciliter l’exploitation des mines de houille : il ne manque plus que l’application des machines à vapeur.

Les riches mines d’or de la Mandchourie, du Thibet, du Yunam, des Kiang, ne sont pas exploitées. On se borne à recueillir les paillettes dans les sables des fleuves. On n’utilisé pas davantage les nombreux minerais où l’argent se présente allié au soufre, au plomb, au cuivre. Bien que la Chine possède en abondance le mercure nécessaire à cette exploitation, surtout au Koney-tcheon, le