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très avancées au point de vue agricole. Le sol de l’Alsace, formé de grès bigarré, de keuper et de muschelkalk, est en général fertile ; aussi les forêts n’y occupent-elles que les parties les moins productives, les terrains sablonneux du diluvium vosgien (forêt de Haguenau) et les alluvions caillouteuses du Rhin (forêt de la Harth, près de Mulhouse) : Les essences qui y prospèrent sont également le chêne, le hêtre et le charme, qui dans les parties humides se trouvent mélangées avec l’orme, le frêne, le saule, le peuplier, et dans les sables avec le pin sylvestre. Le bassin de Bordeaux, limité par l’Océan, le plateau central et les Pyrénées, est formé comme celui de Paris de terrains tertiaires qu’entoure une bande de terrains jurassiques crétacés. La plus grande partie de ce territoire est livrée à l’agriculture, mais on y rencontre une première zone forestière assez bien caractérisée sur les terrains jurassiques entre Niort et Montauban, une autre dans le triangle compris entre l’embouchure de la Gironde, celle de l’Adour et la ville de Nérac sur la Garonne, contrée siliceuse à sous-sol d’alios (grès), très marécageuse en hiver, aride et brûlante en été, et que la culture forestière est appelée à transformer complètement. L’essence qui lui convient le mieux est le pin maritime, qui par le gemmage donne des produits considérables et constitue pour ce pays une véritable richesse.

Dans les régions montagneuses, la distribution des forêts n’est pas moins remarquable. L’Ardenne, formée de terrains schisteux et froids, est peu propre à l’agriculture ; elle est restée boisée à cause de la facilité qu’elle a de déverser ses produits dans le bassin de Paris ; le chêne y domine, il est exploité en taillis et fournit des écorces très renommées. Le plateau occidental, qui comprend la Bretagne et la Normandie, est une des régions les plus déboisées de la France, Bien que granitique, le terrain donne d’excellens pâturages, grâce à l’humidité et à la douceur du climat. Sauf en quelques parties qui ne sont plus que des landes, la disparition des forêts n’a pas causé à ces provinces un préjudice sensible. Les Vosges, séparent le bassin parisien de l’Alsace ; aux roches granitiques qui en constituent la partie méridionale succèdent vers le nord le grès rouge et le grès vosgien ; la chaîne principale, dirigée du sud au nord, est coupée par de nombreuses vallées perpendiculaires qui viennent déboucher d’un côté dans la plaine d’Alsace, de l’autre dans celle de la Lorraine. Cette heureuse disposition, facilitant refoulement des produits ligneux, contribue à conserver boisée toute cette région, qui ne forme en quelque sorte qu’une seule et immense forêt, peuplée dans les parties basses de chênes et de hêtres, et dans les parties élevées de pins, de sapins et d’épicéas. Le