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modèles réduits, peuvent également être rangées parmi les procédés d’exploitation. Ces scieries, qui transforment les bois en marchandises propres à être livrées immédiatement au commerce, produisent une grande économie dans les frais de transport. Dans les Vosges, l’arbre se débite généralement en planches, et c’est sur la planche marchande de 3m57 de longueur sur 0m27 de largeur que se calcule le rendement total. L’usine, placée au milieu des forêts, mise en mouvement par un cours d’eau, doit avoir un organisme très simple, de façon que l’ouvrier qui la dirige puisse y faire les réparations principales sans être obligé de recourir à un mécanicien. Les plus anciennes sont les scieries à cammes, dans lesquelles la scie, glissant entre deux coulisses et munie à la partie inférieure d’un poids assez lourd, est soulevée par les cammes d’une roue motrice et retombe en mordant le bois. Elles ne coûtent pas plus de 3,000 francs à établir, mais elles ne peuvent produire que 15,000 planches par an environ. Les scieries à manivelles, dont le prix est double, ont un mouvement plus rapide, donnent moins de déchet, et peuvent débiter jusqu’à 30,000 planches par an. Il n’est pas de vallée dans les Vosges où l’on ne rencontre une ou plusieurs de ces scieries, dont le bruit lointain anime ces solitudes et dont la situation pittoresque donne un grand charme au paysage[1].


IV

Pour se rendre un compte exact de l’importance de la culture forestière et pour savoir dans quels cas il convient de lui subordonner les autres, il importe de connaître les causes très diverses qui ont déterminé la distribution actuelle de nos bois. L’examen de la carte exposée par M. Mathieu, montrant la relation qui existe entre la répartition des forêts et la nature géologique du sol, donne à cet égard les renseignemens les plus concluans. Les forêts de la France sont les débris d’immenses massifs qui s’étendaient uniformément sur presque toute la surface du pays et qui se sont peu à peu éclaircis sous des influences que l’étude va nous révéler. Il semblerait tout d’abord que les régions montagneuses, celles surtout qui, formées de roches éruptives ou de dépôts sédimentaires

  1. MM. Irroy ont envoyé de nombreux spécimens des fabrications des diverses scieries qu’ils ont installées à la Hutte (Vosges). Leur exposition comprend des sciages de toutes dimensions : planches à parquets, feuillets, moulures et jusqu’à des bois de chaise dégrossis au tour et qui sont ensuite envoyés à Paris pour être terminés. Mentionnons également la belle exposition d’outils et d’instrumens forestiers de toute nature de Mme veuve Chavane à Bains (Vosges).